BeDA - Anne BURTIN, Le règlement du conflit angolais: son inscription dans l'espace géopolitique de l'Afrique australe

Université de Paris I (Panthéon - Sorbonne)
DEA Etudes Africaines (option Science Politique)
Année Académique 1996-1997


Le règlement du conflit angolais: son inscription dans l'espace géopolitique de l'Afrique australe

 

par Mademoiselle Anne BURTIN
sous la direction de Madame Dominique BANGOURA
Session d'octobre 1997

 

INTRODUCTION

Depuis 1975, date de son indépendance, l'Angola a connu plus de 20 ans de guerre et trois accords de paix [1] . Au temps de la Guerre Froide, le pays est un terrain d'affrontement idéologique entre les Etats-Unis et l'Afrique du Sud, d'un côté et l'U.R.S.S. et Cuba [2] , de l'autre. Le retournement de la situation au début des années 1990, le retrait des Sud-Africains et des Cubains [3] ouvrent une période nécessaire de négociations montrant combien cette guerre est le fait de l'extérieur.

D'une guerre idéologique, le pays passe à une guerre politique où chacun campe sur des positions qui ont peu changé depuis le début des hostilités. A terme, la question suivante devra être posée : à quoi ont servi tant d'années de guerre ? La scène politique "officieuse" du pays n'est pas modifiée. Seul l'environnement extérieur a changé. Le pays est resté le même : les options circonstancielles n'ont pas survécu au changement.

Dans toute guerre, l'élément extérieur est primordial. Tous les pays ont besoin de l'extérieur pour se justifier ou se renforcer. La Guerre Froide a entretenu une situation conflictuelle qui n'a plus aucune raison d'être à l'heure de toutes les transformations stratégiques. Les parties en conflit l'ont compris qui ont pris dès 1990 le chemin des négociations et qui se sont rapidement entendues sur les termes d'un accord. Seule la volonté politique d'une paix négociée est envisageable et souhaitable.

Mais c'est sans compter sur la montée en puissance d'un nouveau cadre géopolitique : le renouveau politique de l'Afrique australe. Et cela depuis 1994. Devant le désir de devenir un pôle stratégique politique et économique puissant en Afrique, devant le désir de devenir l'exemple d'une Afrique qui peut réussir s'il existe une solidarité et un intérêt commun entre les pays, l'Angola est le pays qu'il faut rapidement ramener dans le giron de la région.

Les chefs d'Etat de la région sont alors passés d'un soutien implicite au processus de paix à un soutien explicite basé sur les potentialités et les nouvelles perspectives offertes par la région unie par ce qu'il y a finalement de plus fort : l'intérêt économique et commercial. L'Angola n' est-t-elle pas un formidable marché pour l'économie en pleine croissance de ses voisins ?

C'est ainsi que l'Afrique australe s'est sentie le droit d'intervenir pour accélérer la sortie du conflit et rendre possible d'une manière irréversible une règlement pacifié. Cependant, les prétentions des pays de la région, mêmes honorables, ne peuvent faire l'économie de leurs moyens encore trop hésitants et mal définis. C'est compter sans une autre dynamique qui, elle, est essentielle : la volonté de paix des populations civiles et la prise de conscience des dirigeants angolais et de la rébellion que cette guerre est en fin de compte une guerre pour rien, l'usure politique du conflit. Car quels sont les bénéfices des uns et des autres ?

Les soutiens extérieurs passés ont encouragé des espoirs irréalisables. Le combat par les urnes qui assure aux parties en présence (gouvernement de Luanda et Unita [4] ) un soutien légitime des populations est indispensable. De ce fait, malgré un lent et difficile processus (des années de guerre ne s'effacent pas aussi facilement), la paix est possible.

Le processus de paix est initialisé en 1991 avec la signature des "Acordos de paz [5] " (Accords de Bicesse, mai 1991) dont la mise en application n'a jamais été effective du fait de la mauvaise volonté des deux parties. Les accords de paix de 1991 sont un échec pour plusieurs raisons : la transition est non démocratique, la pacification sans contrôle sérieux et aux seules mains des deux parties en présence ; aucune des conditions requises pour un bon déroulement des élections ne sont réunies, la période étant trop courte pour mener à bien la démobilisation et le désarmement.

Le processus de transition et de démocratisation échappe à tout véritable contrôle que se soit par le haut ou par le bas. Le MPLA [6] conserve son autorité sur l'ensemble du territoire ; aucun gouvernement de coalition n'est institué. Une gestion bicéphale des affaires publiques est mise en place : une commission conjointe politico-militaire (CCPM) où siègent l'Unita et le MPLA sous les bons offices d'une troïka réunissant les Etats-Unis, la Fédération de Russie et le Portugal. L'ONU n'exerce aucun contrôle effectif sur l'application des décisions prises à Bicesse. L'Organisation n'a qu'une fonction de "contrôle des contrôleurs" [7] .

Mis à part l'Unita et le MPLA, les autres forces politiques ne participent pas au processus politique de pacification. L'Unita est le seul parti "officiel" d'opposition et le MPLA, au sommet de l'Etat, mène une politique électoraliste à court terme. De fait, cette transition n'a rien de démocratique. Le gouvernement et l'Unita au sein de la CCPM ne sont redevables devant aucune instance qui associerait les autres forces du pays à leur gestion. Un pouvoir "bicéphale" [8] s'institue renforçant la "bipolarisation" [9] de la vie politique. Cette situation ne peut que prédisposer au maintien d'un rapport de force où le MPLA conserve sa position et où l'Unita joue de sa position de blocage dans la CCPM.

Les élections prévues pour septembre 1992 restent l'objectif à atteindre pour tous même si leur préparation et leur caractère démocratique sont mis en doute. Les conditions nécessaires à leur bonne marche sont bâclées du fait de l'obsession de cette date chez les protagonistes concernés et de l'application insuffisante ou même inexistante du volet militaire. Les deux camps ont fait en tout cas preuve de mauvaise volonté. Les opérations de démobilisation et de désarmement ne sont pas accomplies selon le calendrier fixé en 1991 : dans certains cas, les opérations de démobilisation ont précédé les opérations de cantonnement, la création des FAA (forces armées angolaises) n'en est qu'à son début.

Le recensement de la population pour les élections n'est pas fait correctement. Dans les zones contrôlées par l'Unita, aucune autre force politique n'est représentée. Par ailleurs, l'Unita a du mal à se transformer en véritable parti politique pacifié, à s'adapter à la société civile. Le MPLA accentue son caractère de parti-Etat, dénonçant l'agressivité dont fait preuve son adversaire. Le retournement du rapport de force au sien de la CCPM [10] durcit les positions des uns et des autres.

Les élections législatives confortent la position du MPLA et l'Unita en est le grand perdant. Cette dernier obtient 70 sièges au Parlement, le MPLA 129 sièges, le reste (21 sièges) est partagé entre une dizaine de petites formations. José Eduardo Dos Santos obtient la majorité relative aux présidentielles avec 49,57 % des voix contre 40,07 % pour Savimbi. Devant cet échec, l'Unita qualifie ces élections de frauduleuses et entame un chantage politique et militaire remettant à plus tard l'organisation du deuxième tour de l'élection présidentielle. Ces élections ne sont pas celles de la paix.

Illogiquement, la formation de Savimbi demande une renégociation des termes de l'accord de paix et reprend les armes qu'elle n'avait déposée que de manière partielle. Elle exige la formation d'un gouvernement de coalition, un contrôle paritaire du territoire, la dissolution de la police anti-émeute mise en place par le MPLA, le renforcement du rôle de l'ONU et l'organisation du deuxième tour des élections par la communauté internationale.

Mais il semble que son objectif réel est la prise du pouvoir par les armes. De fait, l'Unita retire ses forces des FAA tandis que le MPLA reconstitue son armée. Les hostilités reprennent sur l'ensemble du territoire. L'Unita gagne du terrain et conquiert un grand nombre de grandes villes grâce à une technique de siège systématique. Face au retour de la guerre, une tentative de paix s'ouvre le 12 avril 1993 à Abidjan. Elle semble aboutir mais se retrouve bloquée quand l'Unita refuse de retirer ses forces des zones qu'elle a conquises très récemment. De fait, les négociations s'interrompent le 21 mai 1993.

L'intensification des combats dans les mois qui suivent oblige les Nations Unies à voter une résolution [11] proclamant l'embargo sur les ventes d'armes et de pétrole à l'Unita. Cela ne met pas fin aux combats mais la situation de l'Unita devient difficile au moment où le gouvernement du MPLA est reconnu par la communauté internationale et plus particulièrement par les Etats-Unis, soutien historique de l'Unita [12] , en juillet 1993. La négociation avec le gouvernement devient inévitable pour l'Unita.

Les nouveaux pourparlers de paix débutent le 15 novembre 1993. L'objectif est de faire accepter par l'Unita la validité des accords de paix de 1991, la validité du résultat des élections législatives et présidentielles des 29 et 30 septembre 1992 et surtout "le contenu du paragraphe 8 de la résolution 864 (1993) du Conseil de Sécurité, par lequel le Conseil [exige] que l'Unita retire immédiatement ses troupes des positions qu'elle occupait depuis la reprise des hostilités et qu'elle accepte sans délai de les replier dans les secteurs contrôlés par l'ONU, à titre de mesure provisoire jusqu'à ce que soit assurée l'application intégrale des "Acordos de Paz"." [13] . De plus, il apparaît nécessaire de renforcer le rôle de l'ONU afin qu'elle exerce des fonctions plus élargies notamment :

- vérifier et contrôler le retrait et le cantonnement des forces militaires de l'Unita ;

- rassembler, entreposer et garder les armes des forces de l'Unita lors de leur cantonnement ;

- superviser le désarmement des populations civiles ;

- vérifier la mise en place des forces armées et de la police angolaise ;

- participer à l'extension de l'administration à l'ensemble du territoire.

En conséquence, le mandat de l'UNAVEM III [14] est prolongé jusqu'au 16 mai 1994 par la résolution 890 (15 décembre 1993) du Conseil de Sécurité.

Au cours de ces pourparlers, les représentants de l'Unita expriment clairement leur intention de voir renforcer leur position au sein du nouveau cadre politico-administratif : "En ce qui concerne les institutions résultants des élections [de 92], l'Unita souhaiterait être dûment représentée dans la branche exécutive du Gouvernement et se trouver dans une position lui permettant de garantir la sécurité et la protection des ses dirigeants, des membres du parti, des sympathisants et d'autres membres de l'opposition" [15] . Le renforcement du rôle de l'ONU est aussi une des conséquences de cette réactualisation voulue des accords de paix de 1991.

Initié dès 1991, le processus de paix échoue une première fois. Le Protocole de Lusaka ne constitue pas une grande nouveauté par rapport aux accords précédemment signés. Son contenu est déjà fixé. Il ne s'agit que d'une réaffirmation de principes attestant la valeur des engagements déjà pris auparavant.

Une tentative de théorisation peut être faite en essayant d'appliquer au cas angolais la théorie des jeux [16] et plus particulièrement la théorie de l'équation à somme nulle où le gain d'un joueur est la perte de l'autre joueur. Ainsi, J. Savimbi et Dos Santos jouent un jeu à somme nulle où la conquête du pouvoir et l'élimination de l'autre est l'objectif final pour l'un comme pour l'autre.

Le système dans lequel ils évoluent n'est qu'en apparence stable. Il est structuré de telle façon que les décisions ne peuvent être prises que dans les périodes d'instabilité, quand les acteurs sont en présence d'un système décisionnel ouvert. Dans ce système, les deux joueurs pensent être seuls à jouer le jeu. Or, il existe un troisième joueur qui confère au jeu une apparente stabilité. Dans le cas qui nous concerne, c'est la communauté internationale et les multiples interventions et soutiens qui ont eu lieu.

Lorsque ce troisième joueur ignoré par les autres (ignoré par les autres dans le sens où ils croient qu'il joue leur jeu alors qu'il joue son propre jeu) se retire finalement du jeu, le système perd son équilibre et l'équation du jeu n'est plus définie comme une équation à somme nulle. Nous sommes passés à un système instable où la prise de décision est rendue possible. Nous sommes passés d'un système fermé à un système ouvert. L'enjeu n'est plus la perte de l'autre mais le partage des gains que l'on peut obtenir. Dans un tel contexte, la négociation est possible et nécessaire car elle garantit la survie des joueurs.

Cela atteste que dans tout système stable il existe un élément de turbulence. Le retrait de la communauté internationale a entraîné la turbulence dans le système. Les joueurs s'aperçoivent alors qu'ils n'ont plus intérêt à jouer le jeu. C'est le joueur en position de faiblesse qui a le premier conscience que la perte du jeu lui est défavorable et qui décide de la fin du jeu. Il en ainsi de J. Savimbi. S'apercevant qu'il n'a plus les moyens de jouer, il accepte alors l'imposition de la fin du jeu par son adversaire, Dos Santos. Ainsi, la période qui débute en octobre 1993 et qui se termine par la signature du Protocole de Lusaka correspond à la fin du jeu : J. Savimbi préfère jouer la carte de l'abandon volontaire du jeu et accepte de rentrer dans le cycle des négociations.

Nous allons à présent poser le cadre géopolitique dans lequel s'inscrit notre étude. Il nous faut dans un premier temps apprécier le cadre géographique dans lequel classer l'Angola : Afrique centrale ou Afrique australe ? La question n'est pas dénuée de sens quand on sait que son rattachement à l'un ou à l'autre des ensembles est principalement déterminé par des intérêts. Sommairement, deux pistes de recherche peuvent être mises à jour : l'Angola appartient à l'ensemble économique de l'Afrique australe, la SADC, une communauté d'intérêts économiques ; l'Angola siège au Comité consultatif permanent de l'ONU sur les questions de sécurité en Afrique centrale et à la CEEAC [17] .

Pour les deux ensembles précédemment mentionnés, nous distinguons un faisceau d'intérêts particuliers qui peuvent faire comprendre le rattachement de l'Angola à une région ou à une autre. Des pays en plein essor économique comme ceux de l'Afrique australe peuvent considérer à juste titre que, une fois la paix revenue, l'Angola constituera un important marché économique pour eux, pays où la demande en biens de consommation sera élevée.

La proximité géographique du Congo comme de l'ex-Zaïre a facilité leur "interventions" dans le conflit angolais. L'appartenance de l'Angola à un sous-ensemble régional en charge des questions de sécurité donne une autre légitimité à toute tentative d'intervention dans le conflit. Malgré tout, les derniers événements intervenus tant au Zaïre qu'au Congo plus récemment mettent à mal cette ambition. Ces deux pays, chefs de file de l'ensemble sous-régional, n'ont plus les moyens de leur ambition où toute implication est difficilement acceptable. Les dernières années qui nous concernent n'ont pas vu un rattachement explicite à l'Afrique centrale.

Les déroulements derniers du processus de paix et de l'application du Protocole de Lusaka rattachent l'Angola à l'Afrique australe, ce qui semble être plus convaincant, d'un point de vue politique et économique. Elle est placée dans une position géopolitique favorable pour constituer face à l'Angola un interlocuteur valable. Et cela du fait que depuis 1994, la SADC est devenue (ou voudrait devenir) le partenaire privilégié en Afrique australe.

Tout au long de notre exposé, nous tentons de comprendre les différentes étapes du processus de paix depuis 1994 : analyser les conditions dans lesquelles le désarmement et la démilitarisation se sont effectuées ; apporter un éclaircissement s'agissant de l'attitude de J. Savimbi face aux exigences politiques de la démocratisation.

Ainsi, dans une première partie, nous nous intéressons à ce que nous avons appelé "l'enlisement sur le plan interne du processus de paix" entre 1994 et 1997.

Dans le même temps où l'Angola cherche une sortie négociée au conflit, l'Afrique australe connaît tout un ensemble de transformations qui modifient ses ambitions politiques et qui la poussent à s'impliquer ouvertement dans le processus de paix en Angola : élections multiraciales en Afrique du Sud, renouveau de la SADC.

Dans une deuxième partie nous nous attardons aux ambitions, aux attentes des pays de la région en rapport avec l'aboutissement d'une paix négociée en Angola et les moyens de cette ambition.

Notre objectif est de répondre aux questions suivantes : quel rôle l'Afrique australe (et plus particulièrement la SADC) a joué dans l'application du Protocole de Lusaka ? Par là-même, nous tenterons de voir quelles ont été les initiatives diplomatiques de la région en faveur d'une solution pacifique en Angola, quels intérêts les animaient et pour quel résultat ?


1ère PARTIE-. L'ENLISEMENT DU PROCESSUS DE PAIX DE LUSAKA

Le Protocole de paix de Lusaka s'inscrit dans la continuité des "Acordos de paz para Angola" signés à Lisbonne le 31 mai 1991. Cela mérite d'être souligné pour comprendre les difficultés à venir dans la mise en oeuvre de ses modalités. La Commission conjointe chargée de surveiller leur application date de 1991. Malgré son inefficacité passée, elle est maintenue au-delà de 1994 et aucune modification dans sa composition ou dans ses fonctions n'est apportée. Elle est davantage un obstacle à la paix qu'un catalyseur efficace.

Le Protocole de Lusaka consacre un partage du pouvoir, déjà à l’œuvre entre 1991 et 1994. Pour mieux comprendre les mécanismes internes qui ont pu être défectueux précédemment, il est intéressant de connaître à la fois la composition et les missions qui ont été attribuées à la CCPM. Nous les avons représentées par un schéma pour nous attarder ensuite sur quelques unes de ces caractéristiques, notamment sa durée et le moment où interviendra sa dissolution.

La Commission conjointe est composée des représentants du gouvernement et de l'Unita, des Nations Unies, des Etats Unis, de la Fédération de Russie et du Portugal. Ces derniers sont présents en tant qu'observateurs et de médiateurs. Ils n'ont donc aucun véritable pouvoir. Le gouvernement et l'Unita détiennent la totalité du pouvoir décisionnel relatif au processus de paix.

Trois missions sont attribuées à la Commission qui donnent lieu à la création de 3 sous-commissions : une commission mixte de vérification et de surveillance du cessez-le-feu, une commission mixte pour la formation des Forces Armées Angolaises, une commission politique chargée du rétablissement de l'administration de l'Etat dans les zones sous le contrôle de l'Unita.

La C.C.P.M. a pour fonctions principales de veiller à l'application des dispositions des accords de paix de Bicesse et de Lusaka et de veiller au respect des résolutions du Conseil de Sécurité concernant le processus de paix depuis 1991. Par ailleurs, elle exerce un pouvoir décisionnel sur les possibles violations des dispositions acceptées par les deux parties [18]  :

"To make the final decision on possible violation... of the agreements, proceed to adopt the necessary steps to establish the identity of the transgressor and make the final decision an adressing the above-decisions. [19] "

Un paragraphe du Protocole de Lusaka doit attirer plus particulièrement notre attention [20]  :

"When the Joint Commission is cognizant that the revelant provisions of the "Acordos de Paz para Angola" (Bicesse) and the Lusaka Protocol have been implemented in full, it shall dissolve itself by a decision taken from within [21] "

Tout d'abord, il s'agit de s'intéresser au moment où interviendra la dissolution de la Commission. Elle intervient quand la Commission estime que les accords de paix, dans leur ensemble, sont appliqués, quand ces décisions sont effectives, ce qui permet toutes les interprétations quand on sait qui sont les membres de la Commission et le pouvoir de chacun.

De plus, les décisions doivent être prises par consensus et non à l'unanimité [22]  : "The Joint Commission shall take its decisions by consensus. [23] " A quel niveau peut-on estimer qu'il y a consensus quand on devine que le pouvoir de chacun (Unita et gouvernement) dépend étroitement de la situation militaire sur le terrain. Comment peut-on accorder du crédit à une "institution" où les contrôlés sont aussi les contrôleurs ? Quand décider du moment de la décision ? Celle-ci peut être autant subjective que prise selon les intérêts du moment.

"Attending in the capacity of chairman :

 - the United Nations Organization. The Special Representative of the Secretary General in Angola shall assume the functions of good offices and of mediation. [24] , [25] "

N'étant qu'une fonction de "bons offices", celle-ci ne s'exerce efficacement que tant que le représentant des Nations Unies est doté d'une crédibilité et d'une position acceptées par les uns et les autres. Jusqu'ici, Alioune Blondin Beye [26] a efficacement exercé son rôle qui a su rapprocher le président José Eduardo Dos Santos et J. Savimbi.

Les nouveaux accords de paix de Lusaka sont signés 20 novembre 1994. Ils regroupent différents accords signés en 1993 et 1994. Ils s'articulent autour de deux volets : un volet militaire (rétablissement du cessez-le-feu ; retrait, casernement et démilitarisation de toutes les forces de l'Unita ; achèvement de la formation des FAA y compris la démobilisation du personnel excédentaire) ; un volet politique (formation d'un gouvernement d'unité nationale ; statut de J. Savimbi).

Ces deux volets constituent les deux chapitres de la première partie. Dans chacun des chapitres, les points suivants seront analysés :

- finalités souhaitées ;

- contenu des différents points et mise en oeuvre effective ;

- obstacles rencontrés et analyse des résultats obtenus par les parties concernées.


CHAPITRE 1-. LE VOLET MILITAIRE : DE LA DEMOBILISATION LA FORMATION DES FORCES ARMEES ANGOLAISES

L'aspect militaire de la paix est repris dans les annexes 3 et 4 du Protocole de Lusaka [27] .

Deux problèmes importants caractérisent cette période, révélatrice de la volonté des uns et des autres : les forces gouvernementales et les forces rebelles se devant d'intégrer dans les délais la nouvelle armée ; le respect nécessaire du cessez-le-feu pour que la démobilisation et la démilitarisation puissent se dérouler dans les meilleures conditions.

Les questions militaires consistent dans le rétablissement du cessez-le-feu, le retrait, le casernement et la démilitarisation de toutes les forces militaires de l'Unita (63.000 hommes dont 23.600 dans la nouvelle armée angolaise qui doit en compter 90.000), le désarmement des populations civiles.

1-. La démobilisation incomplète des forces de l'Unita.

Le calendrier fixant les différentes étapes de la démobilisation et la formation des Forces Armées Angolaises est établi de manière beaucoup plus souple que celui fixé en 1991 par les accords de Bicesse. Aucune date précise n'est donnée. N'y figurent que les grandes lignes des opérations de démobilisation des troupes. Cela permet aux deux parties une plus grande souplesse d'action et n'engendre pas les crispations qui résultent d'un agenda trop rigide. Cependant en ne fixant que des approximations, toutes les interprétations restent possibles et aucune des parties n'est liée alors par un engagement définitif.

Pour éviter tout dysfonctionnement, les opérations de cantonnement et de démobilisation s'effectuent sous le contrôle de la Commission conjointe et sous le contrôle des Nations Unies grâce au mandat de l'UNAVEM III [28] . La mission a comme principaux objectifs d'apporter un soutien logistique aux opérations en cours, d'en assurer le contrôle et de vérifier la conformité des opérations avec les accords de paix.

A la lecture des différents documents émanant du Conseil de Sécurité (résolutions, rapports du Secrétaire Général [29] ) comme des dépêches informant de la situation générale dans le pays, il est difficile d'établir avec une grande précision l'état d'avancement des différentes opérations de démobilisation. Par ailleurs, celles-ci dépendent étroitement du climat général : respect du cessez-le-feu, cessation effective des hostilités, statu-quo du mouvement des troupes, arrêt du réarmement.

Le processus de démobilisation est entamé, mais il est difficile d'établir son degré d'avancement et encore plus difficile de lui donner une valeur chiffrée. L'enthousiasme de 1995 a laissé place au début de 1996 à une plus grande méfiance. L'UNITA et le gouvernement angolais ont été à de multiples reprises mis en cause par le Conseil de Sécurité. Leur mauvaise volonté les a obligés à faire un effort supplémentaire. Ces derniers ont alors multiplié les rencontres au cours de l'année, reconsidérant à chaque fois les termes et les modalités de la démobilisation.

Les craintes des uns et des autres relatives à une reprise des hostilités n'ont pas conduit à une démobilisation complète. Il est inutile que se poursuive un tel mouvement s'il ne concerne que des soldats depuis longtemps éloignés des zones de combats ou trop jeunes pour n'avoir jamais combattu.

La démobilisation n'a eu de cesse de connaître des hauts et des bas ne permettant pas de créer un climat de confiance serein. La pression de la communauté internationale a dû se faire plus forte pour obliger l'UNITA et le gouvernement à des compromis nécessaires.

La démobilisation des soldats de l'Unita est établie ainsi : 63.000 hommes doivent rejoindre un site de cantonnement, seuls 45.000 hommes l'ont fait. Sur ces 45.000 hommes, 26.300 soldats doivent intégrer les FAA. Sur 18.000 hommes sélectionnés, 6.000 hommes ont rejoint une unité des forces angolaises. Les hommes en surnombre sont démobilisés. Or, 32.000 hommes ont quitté les zones de cantonnement et n'ont été ni sélectionnés, ni démobilisés.

Devant l'insuffisance des données concernant les opérations de cantonnement, un autre indicateur de l'évolution de la situation dans ce domaine est utile : le nombre de documents émanant du Conseil de Sécurité et plus particulièrement, les divers reports de mandat de l'Unavem III. Si cette dernière bénéficie d'un constant report dans le temps de sa mission [30] , cela veut dire que le calendrier des opérations tel qu'il est prévu à Lusaka et renforcé par les entretiens de Libreville du 1er mars 1996 entre Dos Santos et Savimbi, ne peut être tenu. A la suite de cette remarque, il est possible de poser les questions suivantes :

1- Quelle tendance générale peut être dégagée de la lecture des résolutions du Conseil de Sécurité et des déclarations du Secrétaire Général concernant la démobilisation et le cantonnement des ex-soldats de l'Unita en vue de l'unification des FAA ?

2- Quels problèmes sont rencontrés : mauvaise volonté des parties intéressées (gouvernement, leader de l'Unita, militaires), problème logistique ?

3- Quelles solutions sont apportées ? Si oui, quels sont les effets sur le phénomène considéré ici ? Si non, quelles sont les raisons de cette inaction ?

1- En avril 1996, le Secrétaire Général caractérise le processus paix et plus particulièrement le processus de cantonnement des troupes de l'Unita par sa "lenteur générale" bien que la situation soit redevenue stable [31] .

Du côté du gouvernement, les FAA et la police d'intervention rapide ont rallié leur point de casernement, mais de manière partielle. Le Secrétaire Général [32] préconise de poursuivre le retrait des forces gouvernementales situées à proximité des zones de cantonnement de l'Unita, le casernement de la police d'intervention rapide, la résolution de la question de l'amnistie des responsables de l'Unita et l'adoption d'un plan de désarmement de la population civile.

Pour le gouvernement, il s'agit aussi de mener à bien l'intégration des soldats de l'Unita dans l'armée angolaise et la destruction des stocks de mines terrestres antipersonnelles.

Du côté de l'Unita, le cantonnement est "pratiquement au point mort [33] ", ce retard empêchant de parvenir à un accord sur l'incorporation du personnel de l'Unita dans les FAA. Le Conseil de sécurité encourage l'Unita à "achever rapidement le cantonnement général [34] " de ces forces. Il est aussi préoccupé par la qualité des armes remises jusqu'alors. Il engage l'Unita à remettre l'ensemble de ses armes, munitions et équipements militaires.

Mais en mars 1996, seulement 16.000 soldats ont rejoint une zone de cantonnement. L'Unavem rapporte même des cas de recrutement forcé. La quantité et la qualité des armes, du matériel et des munitions apportés dans les zones de stockage sont loin d'être satisfaisantes.

Les processus en jeu ici ont été lents à se mettre en marche. La mauvaise volonté de l'Unita est significative d'une situation militaire fragile où chacun est crispé sur ses positions. La peur de l'autre et le manque de confiance limitent naturellement les effets attendus. Le gouvernement, n'est cependant pas à l'abri des critiques. Les signes d'ouverture sont rares.

2- La démobilisation s'oppose-t-elle à la mauvaise volonté politique des parties intéressées ou à un problème d'ordre logistique ?

A la lecture du Protocole de Lusaka, les opérations de démobilisation semblent aisées à réaliser. Réunir des hommes, des soldats, les sélectionner selon leurs aptitudes et leurs motivations puis les incorporer dans l'armée angolaise ou les démobiliser. Mais depuis la fin de 1994, les choses ne se sont pas aussi aisément déroulées. Le problème rencontré est de la même nature que le paramètre ignoré par les dispositions des accords : le problème est avant tout et surtout humain.

Il ne s'agit pas ici d'un conflit ordinaire. Il n'a pas commencé hier, ni avant-hier. Les dispositions préconisées dans le Protocole sont valables pour résoudre un conflit de courte durée. Qu'en est-il en Angola ? Depuis 1975, les hommes se battent. Depuis 1975, ce n'est pas une, mais, deux générations qui combattent. Des hommes ayant connu depuis plus de 20 ans le monde de la guerre sont-ils aisément "démobilisables" ?

Malgré la volonté d'en finir, est-il suffisant d'apporter des solutions "ordinaires" ? Suffit-il de dire aux soldats qu'en échange de leurs armes, ils recevront la nourriture et les soins nécessaires [35]  ? Quel avenir s'offre à ceux qui n'ont connu que la guerre ?

L'armée (ou l'ex-armée) de l'Unita est évaluée entre 63.000 et 70.000 hommes. L'Angola compte un peu plus de 11 millions d'habitants. Cela représente presque 0,6% de la population. C'est peu effectivement. Mais c'est 0,6% de la population qui a combattu et qui n'a connu que la guerre.

Les accords de paix de 1991 n'ont pas apporté la paix mais ils ont marqué le début d'une des périodes les plus violentes de la guerre [36] . Les mécanismes devant conduire à la démobilisation des troupes de l'Unita (car ce sont uniquement celles-ci qui sont concernées) ne sont pas systématiquement critiquables. Mais sur le terrain comment être capable de désarmer une machine de guerre qui fonctionne depuis 20 ans ?

Les chiffres avancés concernant la démobilisation sont le reflet de cette ignorance du véritable problème humain qui se pose. 6.000 hommes sont supposés avoir intégré des unités des FAA. Les hommes ayant rejoint les zones de cantonnement sont plus nombreux et il est vrai, qu'à la fin de 1996, le mouvement s'est brutalement accéléré. Mais ce problème humain, qui est aussi un problème social, en appelle automatiquement un autre.

Tant qu'il n'existe pas de véritable volonté politique désireuse de prendre les mesures d'accompagnement nécessaires aux opérations de démobilisation, rien de concret ne peut se faire. En effet, J. Savimbi a beau encourager ses hommes à poser les armes, il a beau prouver sa conciliation par des gestes de bonne volonté à l'égard du gouvernement de Luanda, cela ne suffit pas si la réciproque n'est pas vraie.

Pour s'assurer du résultat, les signataires du Protocole de Lusaka s'appuient sur les Nations Unies, chargées de l'organisation logistique de la démobilisation et du contrôle de son exécution. Pourquoi avoir délégué à d'autres ce que le gouvernement peut faire afin de légitimer l'intégration des forces rebelles ? Après 1991, cela a échoué. Le problème est-il résolu en faisant appel aux Casques bleus, qui présents depuis 1989, n'ont pu empêcher de nouveaux combats ?

Arguant de leur non-ingérence, mettant en avant leur position de médiateur et de conciliateur, ils facilitent ainsi la tâche à ceux qui refusent de prendre leur responsabilité. En Angola, l'Unavem joue le rôle d'interface, c'est-à-dire de frontière entre les deux parties.

La démobilisation en Angola présente plusieurs aspects :

- c'est un problème militaire et de rapports de forces ;

- c'est un problème politique qui se réglera le jour où chacun acceptera l'autre, notamment dans le partage du pouvoir ;

- c'est un problème social qui, le jour où il trouvera sa solution, facilitera le règlement des deux autres. Dès l'instant où les hommes ont un autre avenir que celui des armes, peut-être y aura-t-il alors l'esquisse d'une solution.

3- Trois problèmes peuvent espérer trouver un début de réponse : problème militaire, problème politique, problème humain/social.

Les modalités de la résolution du problème militaire s'organisent autour de trois phases [37]  :

Phase I : de la signature des accords de Lusaka au cantonnement des troupes de l'Unita.

- définition des critères de sélection des soldats

- taille des FAA et composition des forces selon le principe de proportionnalité

- identification et réhabilitation des centres d'entraînement et des centres nécessaires à la formation des soldats non-intégrés dans les nouvelles forces

- identification et réhabilitation des zones de cantonnement

- accord sur le montage financier nécessaire aux opérations de démobilisation

- mise au point de la logistique et des questions administratives

Phase II : de la réalisation du cantonnement des troupes de l'Unita à l'entrée des démobilisés dans les centres d'entraînement professionnel.

1ère étape : retour des généraux de l'Unita ayant quitté les FAA

2ème étape : entrée en fonction de l'Etat-major des FAA

3ème étape : mise en place d'un groupe de travail supervisant la réalisation complète des FAA

4ème étape : sélection des troupes devant intégrer les FAA et celles devant être démobilisées

5ème étape : incorporation des ex-troupes de l'Unita dans des unités opérationnelles des FAA

6ème étape : entrée des troupes démobilisées dans les centres professionnels

Phase III : de la sélection des ex-troupes de l'Unita intégrant les FAA et de celles du gouvernement à la formation complète des FAA, la démobilisation complète des troupes et la vérification finale par les Nations Unies.

La phase I et II ont été atteintes. Mais dans des proportions qui ne sont pas celles qui étaient espérées. Une disposition particulière [38] du Protocole mentionne que : "The process of selection for, incorporation and military distribution of UNITA military forces in FAA will start after the quartering of all UNITA military forces. [39] ".

Cette disposition peut constituer un handicap à l'exécution efficace du processus de démobilisation. Comment s'assurer que tous les ex-rebelles ont intégrés les zones de cantonnement ? N'est-ce pas ambitieux d'espérer pouvoir rassembler tous les hommes et ensuite de les sélectionner et de les intégrer aux forces armées angolaises ?

L'application des dispositions militaires du Protocole dépend étroitement de la volonté politique de les voir appliquer. Il importe, ici, de mettre en avant certaines dysfonctions que seule la volonté politique ne peut résoudre.

La démobilisation ne concerne que les troupes de l'Unita. De ce point de vue, le gouvernement de Luanda se met dans une situation d'observation. L'armée angolaise doit se regrouper dans ses quartiers généraux. Bien que le principe de l'équité est mis en avant plus d'une fois dans les dispositions, la démobilisation ne concerne que l'Unita et d'une certaine façon souffre de son caractère partiel tandis que les troupes du gouvernement sont considérées comme des troupes régulières depuis 1992.

Ainsi ce processus ne concerne que les troupes armées considérées comme des troupes rebelles. Les Nations Unies sont présentes sur le terrain afin d'assurer le bon déroulement de la démobilisation. Comment ne pas supposer qu'un doute puisse subsister du côté des ex-soldats de Savimbi ? Quelles sont les garanties données à J. Savimbi ?

Toujours est-il qu'il s'agit de poursuivre l'application des accords de 1991. Donc d'achever la formation des FAA en démobilisant les hommes de l'Unita. Une telle manière de procéder ne semble-t-elle pas partiale ?

Au problème politique, aucune véritable solution n'est avancée, les troupes de l'Unita étant considérées comme les seules responsables de l'impasse dans laquelle se trouve la démobilisation.

"The military personnel in excess of the number to be agreed between the Angolan Government and UNITA for the composition of the FAA will be demobilized and integrated into civilian society, within the framework of a national social reintegration programme to be undertaken by the Government of the Republic of Angola with the participation of UNITA and the assistance of the international community. [40] , [41] "

Le Protocole de Lusaka envisage le problème humain et envisage aussi de le résoudre puisqu'il est mentionné qu'un programme de réintégration sociale sera mis en place avec l'aide de la communauté internationale. En effet, des programmes se sont développés permettant d'aider les soldats démobilisés à se réintégrer dans le tissu social en leur distribuant vivres, vêtements, en facilitant leur retour dans les villages...

Bien que pris en considération, encore que de manière succincte, ce volet humain ne figure pas en première place et arrive tardivement.

Le problème de la démobilisation est perçu de manière incomplète. Les signataires du Protocole apportent une solution militaire et politique à un problème humain/social. Car, si d'autres perspectives [42] sont offertes aux ex-soldats de l'Unita, les étapes de la démobilisation sont plus rapidement atteintes et complétées. Les ex-rebelles ont le choix d'être intégrés au sein des FAA ou d'être pris en charge de manière hypothétique par la société. De plus, la sélection et la réorientation des ex-soldats ne commencent qu'au moment où les troupes sont cantonnées dans leur ensemble.

De la même façon, se pose le problème des déserteurs et par conséquent deux questions essentielles : pourquoi ne sont-ils pas restés dans les zones de cantonnement et que vont-ils devenir ? Ces questions renvoient à la fois aux problèmes politiques et humains déjà évoqués.

A ce stade, l'analyse se heurte plus particulièrement à un problème de sources. La grande majorité des ouvrages consultés sur cette question reprennent les données officielles des Nations Unies. Elles ne donnent qu'une vue partielle (car complexe et changeante) et partiale (accusent ou encouragent l'Unita), symptomatique d'une réalité difficile à saisir précisément.

Avant de poursuivre, un problème connexe à celui de la démobilisation doit être évoqué : les armements aux mains des ex-rebelles ou aux mains des populations civiles. Il existe peu de données chiffrées sauf quelques appréciations concernant le nombre peu important d'armements déposés dans les sites prévus pour leur stockage et leur qualité.

Ces sites sont différenciés des zones de cantonnement pour des raisons de sécurité. La collecte des armes se fait quel qu' soit le contexte et cela sans aucun préjugé, mais toujours difficilement quand les populations n'évoluent pas encore dans un environnement totalement pacifié. Les difficultés de la démobilisation se répercutent irrémédiablement sur cette question.

2 - Le respect difficile du cessez-le-feu.

Le cessez-le-feu entre en vigueur dès le 22 novembre 1994. Si les observateurs du processus de paix ne cessent de constater des violations du cessez-le-feu, la portée de leurs remarques reste limitée. Les changements affectant la situation militaire sur le terrain continuent d'augmenter le nombre de violations rapportées par le Secrétaire Général des Nations Unies.

Les difficultés de la mise en place du cessez-le-feu reflètent les indécisions de part et d'autre :

- au 8ème congrès de l'Unita à Bailundo en février 1995, J. Savimbi parvient à ramener à la raison ses chefs militaires insatisfaits des accords de paix ;

- l'Etat-major des FAA est divisé sur l'opportunité de continuer le processus de paix. Joao de Matos disait en février 1995 [43] : "only the total defeat of Savimbi can ensure peace.... strictly from the military point of view [the Lusaka Protocol] was a mistake [44] ".

Le général De Matos (gouvernement) et le général Arlindo Pena "Ben Ben" (Unita) se rencontrent à Chipipa (Huambo) le 10 janvier 1995. Ils se mettent d'accord sur l'arrêt des hostilités et le désengagement progressif de leurs troupes dans les provinces suivantes (dans l'ordre où elles sont présentées) [45]  : Huambo et Uige, puis Moxico et Lunda Norte et Sul, Malanje et, Bailundo.

Ils s'engagent à permettre la liberté de mouvement des personnes et des biens, l'accès aux zones minées, de cesser de diffuser toute propagande. Mais au cours du premier semestre 1995, les violations du cessez-le-feu continuent des deux côtés : occupations de positions, attaques de la population locale, mouvements de troupes. Puis grâce aux efforts de médiation de A. Blondin Beye, grâce à ses aller et retour entre Bailundo et Luanda, la situation se calme peu à peu. Les observateurs des Nations Unies rapportent moins de violations du cessez-le-feu.

Mais la situation n'est pas pacifiée pour autant de manière définitive. En mars 1995, la Troïka se réunit à Lisbonne et constate que les violations de "certains aspects du Protocole de Lusaka [46] " perdurent. Pour pallier ce manque évident de volonté des deux parties, les membres de la Troïka préconisent de renforcer la présence des soldats des Nations Unies sur le terrain et de donner à l'Unavem III tous les moyens de remplir sa mission afin de faire respecter les dispositions du Protocole de Lusaka et les résolutions du Conseil de Sécurité. A la suite de cette déclaration, le Secrétaire Général des Nations Unies publie son premier rapport sur l'Unavem III [47] .

Le rapport du Secrétaire Général fait le point sur la situation politique, militaire et humanitaire. Il note :

- des difficultés pour établir des liaisons avec les troupes de l'Unita dans certaines parties du pays ;

- des problèmes techniques concernant la mise en place des communications triangulaires entre l'Unavem, les FAA et les forces militaires de l'Unita ;

- le désengagement trop lent des troupes de l'Unita des provinces de l'Uige et de Negage ;

- des tirs de l'Unita visant des avions de l'Unavem ;

- le manque de sécurité dans certaines zones et des restrictions à la liberté de mouvement dans les zones sous contrôle de l'Unita mais aussi dans celles sous contrôle gouvernemental.

A la fin de 1995, les régions les plus tendues restent celles de Uige, Cabinda, Lunda Norte/Sul, où les mouvements de troupes et l'arrivée de nouveaux armements sont toujours à l'ordre du jour. Cette recrudescence de la violence dans certaines régions du pays tient largement au fait que l'Unita continue à maintenir son emprise sur les zones diamantifères de l'ouest du pays. Et cet intérêt est aussi partagé par le gouvernement.

Déjà en septembre, une première reprise des hostilités est stoppée sous la pression des Américains et des Nations Unies. Mais le 14 octobre, la tension remonte avec des tirs sur la résidence, à Luanda, du général de l'Unita, Arlindo Pena "Ben Ben". A ce moment, l'Unita interrompt les discussions sur l'incorporation de ses troupes dans les FAA.

En novembre, après la reprise des négociations, l'Unita désigne Abel Chivukuvuku comme le nouveau représentant du parti auprès de la présidence angolaise. Cependant les violences s'aggravent.

Le 29 novembre, le gouvernement attaque les troupes de l'Unita à partir de Soyo et conquiert les villes de Sumba, Kikandi, Quinzau, Manga Grande, Nenga et Quela. Soyo se situe à l'extrémité nord-est du pays dans la province du Zaïre, proche des zones pétrolifères de l'enclave de Cabinda. Stratégiquement, c'est une ville importante qui permet de contrôler l'accès à la mer et à l'enclave. C'est une position à conquérir et à conserver.

Le 4 décembre, l'Unita cesse le cantonnement de ses troupes. Elle reproche les actions militaires du gouvernement dans la province de Zaïre et dans les provinces de Huila, Benguela et Lunda Norte/Sul.

Le président Dos Santos, lors de sa visite à Washington les 7 et 8 décembre, accepte de retirer les forces gouvernementales des zones occupées près de Soyo, le déploiement de l'Unavem dans les zones sous son contrôle, le départ des "soldats étrangers" [48] , le relâchement des prisonniers, le retrait des forces militaires dans les zones à haut risque et le cantonnement de la police d'intervention rapide.

Le comité des Nations Unies, mis en place pour veiller au respect de l'embargo sur la livraison d'armes et de produits pétroliers à l'Unita, regrette que son action soit liée à la bonne volonté des Etats concernés. Il a aussi pour fonction de signaler les violations du cessez-le-feu au Conseil de Sécurité et de faire des recommandations et des observations à ce propos. Depuis sa création, il rencontre de nombreux obstacles pour obtenir des informations sur les violations de l'embargo [49] .

Les rapports du Secrétaire Général des Nations Unies sont, pour ceux qui veulent connaître la situation militaire sur le terrain, d'un précieux secours et cela, surtout, parce qu'ils permettent d'avoir accès à des informations rares. Malgré tout, cela n'autorise pas une lecture passive mais plutôt d'avoir à l'esprit les données suivantes :

- à qui s'adressent-ils ? Au grand public, d'un point de vue général ; aux membres de l'Assemblée Générale des Nations Unies et du Conseil de Sécurité, plus particulièrement. Donc à des "décideurs", à des personnes qui peuvent encourager ou non le processus de paix en Angola, financièrement et/ou diplomatiquement.

- quel est leur objectif ? Etre un indicateur de l'évolution du processus de paix, de la bonne volonté des parties, de "décerner" des satisfecit aux uns ou de mettre l'accent sur les atermoiements des autres.

Autrement dit, la lecture de ces rapports doit rester critique et objective.

Les rapports du Secrétaire Général des Nations Unies apportent deux types d'informations : le détail des incidents militaires intervenus sur une période donnée en violation du cessez-le-feu et la tendance sur le long terme de la situation militaire.

L'analyse du graphique [50] caractérisant le nombre de violations du cessez-le-feu au cours de l'année 1995 permet de dire que la situation s'est progressivement calmée à la fin de l'année. Le processus de démobilisation et de démilitarisation, la réussite des mécanismes de prévention des Nations Unies, la bonne volonté des deux parties sont des facteurs explicatifs.

Il est important de mentionner que le nombre de violations de cessez-le-feu est étroitement dépendant du cycle des saisons. La saison sèche de juillet à novembre est la saison la plus favorable aux actions militaires. C'est pour cela qu'en grande partie, le nombre d'incidents diminue à partir du mois de novembre, au début des pluies.

Depuis la signature d'un protocole de cessez-le-feu en novembre 1994, l'Angola est entré dans une situation de non-guerre comme de non-paix. Les combats se font plus rares mais ils demeurent ; des mines continuent d'être posées des deux côtés. Les agences des Nations Unies comme les organisations humanitaires sont la cible d'attaques des uns et des autres. Le nombre de personnes tuées depuis la reprise des combats en octobre 1992 est estimé à 300.000 personnes, soit près de 3% de la population [51] .

Les combats sont localisés dans certaines provinces, lieux des actions armées entre les troupes du gouvernement et celles de l'Unita. En janvier 1995, le respect du cessez-le-feu est réitéré et cette volonté de consolider le processus est réaffirmée le mois suivant à Waku Kungo [52] (Kwanza Sul). Les Nations Unies répertorient 1.500 violations du cessez-le-feu en 1995. La plupart sont des attaques à petite échelle. Elles consistent en des embuscades visant le personnel humanitaire ou des pillages visant les populations civiles. En certains endroits, les troupes de l'Unita et du gouvernement poursuivent leurs mouvements alors que les dispositions du Protocole prévoyaient leur désengagement progressif.

Pourtant, différents facteurs sont à l'origine de possibles violations du cessez-le-feu [53]  : les reports de désengagement des troupes, les actions pour la reconquête de territoire, les actes de banditisme, le manque de discipline des troupes, la vérification en réalité peu efficiente de l'Unavem.

Deux aspects importants sont liés directement aux violations du cessez-le-feu : le trafic illégal des armes et les restrictions à la liberté de mouvement.

Malgré la clause "triple zéro" des accords de Bicesse [54] , réaffirmée à Lusaka, le gouvernement et l'Unita continuent d'acquérir des armements. La résolution 976 du Conseil de Sécurité de février 1995 : "calls upon the governement of Angola and Unita during Unavem III presence in Angola to cease any acquisition of arms and war material [55] ". Certains circuits d'approvisionnement sont connus et dénoncés : la Fédération de Russie et l'Ukraine pour le gouvernement ; le Congo et la RDC (ex-Zaïre) pour l'Unita [56] .

Malgré la signature du Protocole de Lusaka, le gouvernement et l'Unita ont continué à acquérir du matériel de guerre. Même si le Protocole ne mentionne pas explicitement l'importation d'armes, l'accord de cessez-le-feu interdit aux forces militaires de renouveler les équipements de leurs armées respectives [57]  : "Military forces can be supplied with food and medecines under the verification and monitoring of the United Nations. They cannot receive any military equipment, lethal or otherwise [58] ". De plus, le Protocole reprend la clause dite "triple zéro", contenue dans les accords de Bicesse, qui prohibe toute acquisition d'armements par le gouvernement et l'Unita [59] :

"The cease-fire will obligate the People's Republic of Angola and Unita to refrain from acquiring lethal material. The United States and the Union of Soviet Socialist Republics informed the Government of the People's Republic of Angola that they will support implementation of the cease-fire by ceasing to supply lethal material to any Angolan party and encouraging other countries to act in a similar fashion. [60] "

La résolution 864 du Conseil de Sécurité de septembre 1993 interdit la vente et l'approvisionnement en armes ou en produits pétroliers des troupes de l'Unita. Cependant, le paragraphe 19 de la résolution accorde ce droit au gouvernement aussi longtemps que les armes et le matériel militaire entrent dans le pays "through named points of entry on a list supplied by the Governement of Angola to the Secretary-General, who shall promptly notify the Member States of the United Nations [61] ".

Cette exigence est reprise dans la résolution 976 (février 1995) :

"Reaffirms the obligation of all States to implement fully the provisions of paragraph 19 of the resolution 864 (1993), and calls upon the Government of Angola and Unita during Unavem III's presence in Angola to cease any acquisition of arms and war material, as agreed upon in the‘Acordos de Paz’, and to devote their ressources instead to priority humanitarian and social needs. [62] ".

Le gouvernement justifie ses achats récents d'armement en revendiquant son droit d'Etat souverain, légal et sa fonction de défense du territoire national. Ce qui implique pour lui la nécessité d'importer des armes. Il remet ainsi en cause le paragraphe 12 de la résolution 976 du Conseil de Sécurité sur l'embargo de la vente d'armes au gouvernement. Malgré tout, l'embargo sur les armes n'est pas aussi total qu'il devrait l'être puisque la Russie, le Brésil et le Portugal continuent de fournir des armements au gouvernement alimentant ainsi le cycle de la violence, même légale [63] . Car, tant qu'il en sera ainsi, l'Unita continuera aussi d'acheter des armes illégalement, contournant l'embargo qui lui est imposé.

Human Rights Watch signale des ventes d'armes, dont les contrats ont été conclus avant la signature du Protocole de Lusaka. Mais les livraisons en provenance de la Russie ont continué, constituant une violation manifeste de l'accord de cessez-le-feu. L'Unita, malgré l'embargo de 1993, continue de recevoir des armements en provenance des pays voisins comme la République Sud-Africaine, la Namibie et l'ex-Zaïre. Récemment, la situation a changé et l'Unita s'approvisionne auprès de fournisseurs privés davantage qu'auprès de gouvernements étrangers. Mais l'Unita demeurait le client du Zaïre sous le régime de Mobutu qui lui garantissait une base arrière pour ses troupes [64] .

La contrebande de diamants alimente ce commerce fructueux. La firme sud-africaine de Beers s'est vue accusée d'avoir acheté des diamants à l'Unita. Human Rights Watch dénonce dans son dernier rapport sur l'Angola la permanence des vols entre le Zaïre et les zones contrôlées par l'Unita [65] .

Le Protocole de Lusaka, en faisant du rétablissement du cessez-le-feu une priorité, garantit la libre circulation des personnes et des biens. Mais la réalité est loin de satisfaire les prétentions du Protocole. Ainsi la plupart des violations sont des attaques contre les populations civiles afin de contrôler l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones contestées ou de contrôler les mouvements de population d'une zone gouvernementale à une zone-Unita. De même, la pose des mines n'est pas le fruit du hasard mais obéit à une logique soit économique (taxation), soit stratégique (contrôle des provinces).

Trois reproches sont régulièrement faits à l'Unita, par le gouvernement et le Conseil de Sécurité :

- d'importer des armes et des produits pétroliers malgré l'embargo ;

- d'exploiter illégalement les mines de diamants de la province de Lunda pour financer ses achats ;

- d'entretenir une armée clandestine.

Ce dernier point est caractéristique de l'inquiétude générale quant à un retour possible de la violence comme ce fut le cas en 1992 après les élections législatives et présidentielles. Dans la crainte de perdre les élections / dans l'objectif de contester des résultats qui lui seraient défavorables, l'Unita maintient une partie de ses hommes hors du processus de démobilisation. Les importations continuelles d'armes sont donc destinées à ses soldats qui ne se sont pas rendus dans les zones de cantonnement. Le maintien du contrôle de l'Unita sur les zones diamantifères n'en est que plus précieux. La question de cette supposée armée clandestine renvoie directement au problème des hommes ayant quitté les zones de cantonnement avant leur sélection et leur possible intégration dans l'armée angolaise.

Selon le ministre angolais de la Défense, le général Pedro Sebastio, parmi les 30.000 déserteurs, se trouvent les corps d'élite de l'ancien mouvement rebelle et les gardes du chef de l'Unita : "L'Unita a des armes partout. Ses hommes désertent et on ne sait jamais où ils se trouvent. Tout cela est grave pour le processus de paix. [66] ". Ces propos montrent à quel point se situe le niveau de confiance entre les parties.

Le 11 décembre 1996, l'Unita déclarait avoir cantonné toutes ses troupes et remis aux Nations Unies son arsenal militaire. Le Conseil de Sécurité et de facto la communauté internationale admettent que la phase militaire du processus de paix est terminée. Cependant, certains doutes persistent concernant des stocks d'armements encore inconnus, alimentés par des importations illégales. Cette déclaration faite sous la pression, dans la crainte de nouvelles sanctions et acceptée par les Nations Unies un peu trop vite, suscite de nombreuses interrogations :

Pourquoi se contenter des chiffres officiels de la démobilisation alors qu'ils sont inférieurs à ceux correspondant aux forces (supposées) de l'Unita [67]  ?

La fin de l'année 1996 marque le passage de la phase militaire à la phase politique. Pourtant, la première phase n'est pas terminée. Le passage du politique accélérera-t-il le processus de démobilisation quand les dirigeants de l'Unita auront quelques satisfactions sur le plan politique ?

L'acceptation des Nations Unies de la déclaration de l'Unita est le signe d'un abandon, d'un sentiment de lassitude à un moment où les opérations de l'Unavem III sont les plus coûteuses pour l'organisation. En enclenchant le processus dit de "réconciliation nationale", les Nations Unies cherchent sans doute à légitimer d'une certaine façon la place de J. Savimbi sur la scène politique, de donner au président Dos Santos un adversaire légal. Il s'agit de positionner le débat sur le politique où les compromis, même difficilement atteignables, restent de l'ordre du possible et sont, à terme, moins coûteux humainement.

Les violations de l'embargo, si souvent constatées, n'ont pas fait l'objet de véritables sanctions. Il n'y a eu a posteriori que des demi-mesures pouvant augurer soit d'un manque de volonté soit d'un intérêt économique certain (pour le pétrole, en tout cas). Car qui dit gouvernement légal, contrôlant l'ensemble du territoire, dit aussi menace pour le contrôle des installations pétrolières.

L'extension du mandat des Nations Unies et la mise en place d'une économie de guerre sont les conséquences des violations réitérées du cessez-le-feu. Les mécanismes régissant l'économie de guerre permettent de comprendre pourquoi les dispositions relatives aux accords de cessez-le-feu sont parfois difficilement respectées.

Les principaux principes de fonctionnement sont : l'exploitation illégale de ressources minières stratégiques (dans le cas de l'Angola, le diamant et le pétrole) qui entretient la machine de guerre par des achats d'armes ; la taxation des populations et le pillage des villages qui assurent la survie quotidienne des soldats et facilitent l'enrôlement de nouvelles recrues ; l'instrumentalisation de l'aide humanitaire qui permet de contrôler les populations et d'orienter leur déplacement selon une stratégie définie [68] .

En Angola, la mise en place d'une économie de guerre par l'Unita explique son acharnement à vouloir conserver le contrôle des zones diamantifères.


CHAPITRE 2-. LE VOLET POLITIQUE : LA FORMATION D'UN GOUVERNEMENT D'UNITE NATIONALE

Le volet politique des accords de Lusaka débute par la déclaration de l'Unita du 11 décembre 1996 concernant la fin du cantonnement et le désarmement de ses troupes. Cette déclaration est remise à A. Blondin Beye par le représentant de l'Unita à la Commission mixte politico-militaire, Isaias Samukava. Pour le représentant des Nations Unies en Angola, "les conditions qui doivent permettre l'installation [du] gouvernement ont été créées [69] ". La fin du désarmement des troupes de l'Unita et la déclaration des Nations Unies à ce sujet doivent marquer la fin du volet militaire du processus de paix.

Ainsi, la résolution 1087 (19 décembre 1996) du Conseil de Sécurité prolonge la mission de l'Unavem III jusqu'à la fin du mois de février 1997, date prévue pour l'installation du nouveau gouvernement :

" 3. Décide de proroger le mandat de l'Unavem III jusqu'au 28 février 1997 ;

10. Rappelle qu'il est nécessaire que le Président de l'Angola et le Président de l'Unita se rencontrent dès que possible en Angola et demande aux deux parties de procéder rapidement à l'exécution des mesures politiques nécessaires à la réconciliation nationale, y compris l'entrée en fonction des députés et représentants de l'Unita, suivie de l'installation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale ;

11. Demande instamment aux deux parties de s'entendre avant le 31 décembre 1996 sur le statut spécial du Président de l'Unita en tant que Président du plus grand parti d'opposition, mais sans lier cette question à la formation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale ;

12. Demande au Président de l'Unita de se rendre à Luanda pour la création du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale et, par la suite, de passer dans cette ville le plus de temps possible afin de renforcer la confiance dans les institutions démocratiques de l'Etat et dans le caractère irréversible du processus de paix."

L'annexe 6 du Protocole de Lusaka présente les principes et les modalités de la réconciliation nationale [70]  :

" II. Specific principles :

6.... taking into account his position as President of the largest opposition party, the President of Unita shall be guaranteed a special status.

7. In the context of national reconciliation, all the first 70 deputies elected on the lists of Unita candidates in September 1992 legislative elections shall... be installed in their functions in the National Assembly.

The first 70 deputies elected on the lists of Unita candidates, all those who have already assumed their functions and those who have not yet done so, shall constitute the Unita parliamentary group.

The deputies of the Unita parliamentary group designated by the party leadership and appointed to functions not compatible with their parliamentary duties shall be replaced.

8. An appropriate security, to be agreed between the Government and Unita, shall also be guaranteed as necessary, under the terms of the law and the relevant provisions of the Lusaka Protocol, to high-ranking leaders of Unita who do not enjoy any other special security status by virtue of their posts.

            III. Modalities :

7.... the State administration shall be normalized in [the areas where the Unita forces are located].

... the appointment of members of Unita to positions in the administration at the provincial, municipal and communal levels shall be brought forward through agreement between Government and Unita.

8.... idem for members of Unita appointed to exercise functions in the Central Government and diplomatic missions abroad.

10.... Unita shall address a letter to the Government, by D-Day + 45, containing the names and the respective posts of its leaders. [71] "

Ce texte est complété par deux documents concernant la sécurité des membres de l'Unita ainsi que par la liste des postes qui sont attribués à l'Unita dont les ministères suivants : ministère de la Géologie et des Mines, ministère du Commerce, ministère de la Santé et ministère du Tourisme. Les deux premiers portefeuilles seront à l'avenir des postes clés dans l'économie du pays mais l'Unita ne dispose d'aucun ministère d'importance comme, par exemple, celui des Affaires Etrangères ou de l'Intérieur.

La participation de l'Unita au gouvernement est soumise à certaines règles précisées dans le Protocole [72]  : "Acceptance, at the time of talking office, to comply scrupulously with the Government programme drawn up the Council of Ministers and abide by the laws in force in the Republic of Angola. [73] "

Deux points constitueront les axes de recherches :

la question du statut de Jonas Savimbi : ce que le Protocole de Lusaka prévoit ; l'attitude du leader de l'Unita, ses revendications et ce qu'il semble attendre du gouvernement de Luanda.

les étapes de la réconciliation : le retour des députés de l'Unita à Luanda ; la formation du Gouvernement d'Unité Nationale et de Réconciliation (GUNR), qui n'est pas l'aboutissement du processus de paix mais l'étape la plus importante sur la voie d'un retour à la paix civile.

La pacification politique du pays n'est pas possible si l'Unita conserve son statut d'armée. Au début de l'année 1996, le général De Matos relève l'importance pour l'Unita de ne plus être considérée comme un simple mouvement rebelle : "la réconciliation [est] cependant impossible tant qu'il y [a] deux armées dans le pays. [74] ". En août 1996, au Congrès extraordinaire de l'Unita, le mouvement rebelle se transforme en parti politique. L'Unita assure ainsi sa transition politique et ne doit plus être regardée comme mouvement de rébellion, donc déstabilisateur. L'Unita devient un adversaire "respectable" pour le MPLA.

Quels sont les problèmes politiques à régler ?

1. l'extension de l'administration de l'Etat à l'ensemble du pays ;

2. la libre circulation des personnes et des biens ;

3. le retour des députés de l'Unita à l'Assemblée Nationale ;

4. la formation d'un gouvernement d'unité ;

5. la nomination des cadres de l'Unita aux niveaux national, provincial et local.

Les points 1, 2 et 5 sont liés à la réussite du cantonnement des forces de l'Unita et à leur démilitarisation. Les points 3 et 4 sont liés à la définition du statut de J. Savimbi. Rien n'a été simple et comme le souligne A. Blondin Beye, "l'Unita ne plus faire la guerre, alors elle fait de l'obstruction politique [75] ". S'il est vrai que parfois l'Unita a fait preuve à de nombreuses reprises de mauvaise volonté, l'Unita n'a plus les moyens de faire la guerre et il faut espérer que le combat se porte définitivement sur le terrain du politique.

1-. Le statut de Jonas Savimbi en suspens

La communauté internationale, les Nations Unies et les observateurs du processus de paix n'établissent pas de lien entre le statut de J. Savimbi et les autres étapes de la réconciliation nationale. Il existe cependant une relation directe entre les deux. Tant que le statut du leader de l'Unita n'est pas déterminé, il refuse que les députés et les représentants du mouvement participent au nouveau gouvernement.

Le Protocole de Lusaka n'est pas très explicite sur ce que doit être la place de J. Savimbi dans la vie politique de l'Angola après la pacification [76]  : "taking into account his position as President of the largest opposition party, the President of Unita shall guaranteed a special status. [77] ". Rien n'est sûr ce que doit recouvrer ce statut spécial. Ce flou des termes laisse la place visiblement à un large spectre d'interprétations que le leader de l'Unita ne s'est pas privé d'exploiter.

Trois postes sont successivement proposés à J. Savimbi : vice-président, "conseiller principal" du président Dos Santos, chef du parti majoritaire de l'opposition. Ces fonctions sont très dissemblables et méritent que l'on se penche sur leurs portées respectives.

Lors du congrès extraordinaire de l'Unita en août 1996, J. Savimbi refuse d'assurer la vice-présidence que lui propose Dos Santos, ce qui provoque la consternation du MPLA. La question du statut du leader de l'Unita est discutée lors de ce congrès et il est décidé de rejeter "catégoriquement" les accords de Lusaka à ce propos. En effet, quelle serait la fonction de ce vice-président : un poste sans véritable pouvoir ou un poste permettant de participer de plein droit à la définition de la politique du gouvernement ?

Cette offre est proposée à J. Savimbi par le président Dos Santos après leur rencontre à Libreville le 1er mars 1996. A la suite du rejet de cette proposition qui est pour le gouvernement le signe de la mauvaise volonté de J. Savimbi, Luanda remet la résolution de cette question entre les mains de la CCPM. Celle-ci attend qu'une nouvelle proposition lui soit faite sur le type de fonction que le leader de l'Unita veut occuper.

En janvier 1997, J. Savimbi propose d'être le "conseiller principal [78] " de Dos Santos avec des pouvoirs constitutionnels plus grands que ceux normalement donnés au vice-président. L'Unita propose à la CCPM que le chef de l'Unita détienne des pouvoirs de décision dans les activités suivantes : agriculture et développement rural, réintégration sociale, commerce, café, énergie et eau, environnement, administration territoriale, affaires sociales, anciens combattants, information. Il serait de fait la seconde personnalité du gouvernement. Cette proposition est vide de sens. Ce poste de conseiller ne permet pas de statuer sur le pouvoir réel de J. Savimbi et sur sa place dans l'Etat.

Devant le refus du gouvernement, le conseiller politique de J. Savimbi, Abel Chivukuvuku, déclare que "le statut de J. Savimbi sera celui de leader du plus grand parti d'opposition.". "Nous avons senti que le gouvernement n'était pas à l'aise devant la possibilité de voir le docteur Savimbi membre de la structure de l'Etat angolais. C'est pourquoi nous avons décidé de faire une concession qui a bien été acceptée par la communauté internationale. [79] ".

Ces propos reflètent le dilemme posé à J. Savimbi qui a opté finalement pour la solution qui lui laisse la plus grande liberté d'action par la suite.

En tant que chef de l'opposition plusieurs scénarii sont possibles pour J. Savimbi lors des élections législatives :

- combiner une situation militaire favorable à son nouveau statut ;

- si sa situation est difficile à tenir, son rôle de chef de l'opposition lui permet de faire apprécier sa nouvelle position en passant du militaire au politique.

En avril 1997, les députés votent la loi définissant enfin le statut de J. Savimbi. La majorité des députés du MPLA n'apprécie pas l'octroi de privilèges aussi importants mais ils ont suivi les consignes de vote afin que réussisse la normalisation politique du pays. Leur refus aurait compromis une cohabitation effective entre MPLA et Unita. Cette loi accorde différents droits au leader de l'Unita et son mouvement est considéré maintenant comme un véritable parti politique.

le droit de consulter, quand il le souhaite, le Président et les membres du gouvernement ;

le droit de s'exprimer dans la presse d'Etat ;

le fait d'être reconnu comme le chef du principal parti d'opposition (fonction que lui reconnaissait déjà le Protocole de Lusaka ; ce qui nous fait dire que 5 mois ont été perdus pour rien) ;

un passeport diplomatique ;

pour faciliter ses fonctions, une résidence (à Luanda), un salaire "adéquate", des gardes du corps ;

cette loi s'applique à l'ensemble du territoire angolais et est valable jusqu'aux prochaines élections qui doivent avoir lieu dans deux ou trois ans [80] .

Pour un membre de l'opposition, J. Savimbi détient des pouvoirs [81] plus importants que ceux qui sont généralement donnés aux chefs de l'opposition. Cette loi établit une relation directe entre le leader de l'opposition et le président de la République, sans passer par l'intermédiaire de l'Assemblée Nationale. Malgré tout, le statut accordé à J. Savimbi n'a rien de définitif. Il est seulement un moyen de "calmer les esprits", une manoeuvre dilatoire afin de marquer quelques étapes du processus de paix.

Lors des prochaines élections, l'Unita peut remporter la victoire et cette loi aura alors perdu tout son sens. Et, si ce n'est pas le cas ? L'Unita risque de voir sa position compromise. Cela n'est pas forcément négatif, mais l'ex-mouvement rebelle n'aura-t-il pas alors une occasion de reprendre les armes ? Le statut octroyé est un statut précaire qui donne la chance à l'Unita de se comporter en véritable parti politique. Cette loi consacre une période transitoire précédant les élections et, par conséquent, les privilèges accordés à J. Savimbi sont temporaires.

Les hésitations de J. Savimbi et ses revirements laissent dubitatifs sur ses véritables intentions. Ralentir l'exécution du Protocole de Lusaka ou profiter favorablement du flou des dispositions pour obtenir une meilleure place politique en risquant le tout pour le tout ?

En réalité, le leader de l'Unita, avant de se déterminer, se doit d'éclaircir deux points importants :

- l'Unita a constamment demandé un débat sur la politique du gouvernement, le programme mis en place ;

- la crainte sur l'extension de l'administration à l'ensemble du territoire. L'Unita ne désire pas céder au gouvernement le contrôle des zones diamantifères. Elle préfère que cela se fasse progressivement afin de conserver un minimum de contrôle sur des régions qui alimentent son "économie".

De plus, le comportement de J. Savimbi évolue brusquement à partir de janvier 1997, date à laquelle il rencontre le premier ministre sud-africain, Thabo Mbeki. La rencontre a lieu le 8 janvier à Umtata (Afrique du Sud). Au terme de celle-ci, T. Mbeki déclare que "l'Afrique du Sud affirme son engagement à contribuer au processus de réconciliation, de reconstruction et de développement en Angola". Concernant le statut de J. Savimbi, "l'Afrique du Sud s'impliquera dans les discussions menées à ce sujet avec le gouvernement angolais [82] ". Pour J. Savimbi, ce soutien est inespéré et l'autorise à espérer.

Si le statut de "conseiller principal" est considéré comme un leurre pour gagner du temps, il faut s'interroger à présent sur l'opportunité du choix J. Savimbi pour l'avenir en comparant son choix avec celui qu'il a précédemment refusé (vice-président).

Il existe en Afrique un cas réussi de vice-présidence, le cas sud-africain. Cet exemple aurait dû favorablement influencer J. Savimbi. Il est de notoriété publique que, malheureusement, les chefs de l'opposition restent dans l'opposition. Ayant perdu au cours des années son soutien le plus précieux [83] , celui des Etats-Unis, il peut craindre de devoir jouer encore longtemps les trouble-fête et/ou de remettre en cause par les armes la pacification politique. La communauté y a forcément réfléchi qui encourage à accomplir le plus rapidement possible les dispositions militaires. La paix n'est pas acquise en faisant simplement de J. Savimbi un adversaire politique légal. Le thème de la réconciliation nationale si souvent répété ne se décide pas par décret.

Dos Santos en acceptant que J. Savimbi soit le chef de l'opposition avec les privilèges d'un vice-président fait taire l'aile dure de son parti constituée de "jusqu'au boutistes" préférant la guerre à la paix. Certains, à ce sujet, ont regretté "la mollesse [84] " de Dos Santos. A moins qu'il s'agisse de sagesse...

En effet, lors de la signature des accords de Lusaka, certains membres du MLPA dénigrent cette paix, considérant que le leader de l'Unita ne pourra jamais accepter une solution négociée. Comment peut-on parler de paix et dire que l'Unita détient seule les clés de la paix quand le camp adverse doute de la bonne volonté de leur ennemi ? Et préfère faire la guerre plutôt que d'accepter une paix même si le chemin à parcourir reste long ?

L'attitude de J. Savimbi a compromis la réconciliation nationale. Le leader de l'Unita attend-il d'être dans une situation militaire favorable qui lui permettrait de reprendre les armes et de conquérir un pouvoir qui s'est toujours refusé à lui ?

Différentes raisons peuvent être avancées pour expliquer le changement d'attitude aussi bien de J. Savimbi que de Dos Santos :

1. Pour Savimbi :

- une situation militaire défavorable l'encourageant à agir "politiquement" ;

- la perte de soutiens matériels extérieurs liée aux bouleversements régionaux ;

- s'assurer le contrôle légitime des mines de diamants.

2. Pour Dos Santos :

- renforcer sa position au sein du parti face aux "extrémistes" ;

- renforcer sa position vis-à-vis de la communauté internationale en acceptant la demande de Savimbi ;

- accepter le partage de fait des richesses nationales.

2. Les étapes de la réconciliation nationale

La réconciliation nationale se décompose de la manière suivante :

1. Le retour des députés de l'Unita élus en 1992.

2. Les dispositions finales concernant le statut de J. Savimbi [85] .

3. Le formation du Gouvernement d'Unité Nationale et de Réconciliation (GUNR).

4. La normalisation de l'administration sur l'ensemble du territoire.

5. La conclusion du processus électoral.

1. Le retour des députés de l'Unita élus en 1992.

Ce point est lié à la définition du statut de J. Savimbi au rôle qu'il doit jouer dans la vie politique. Le leader de l'Unita a constamment repoussé le retour des députés placés sous ses ordres, à Luanda. Si le gouvernement acceptait ses propositions, il ne voyait aucun inconvénient à leur retour, et inversement. D'abord fixé au mois de décembre 1996, leur retour est ensuite prévu pour le 16 janvier, puis pour le 12 février 1997.

Ces multiples changements provoquent l'irritation de la communauté internationale et notamment du Secrétaire Général des Nations Unies menaçant de ne pas prolonger le mandat des Casques bleus si rien ne se produit rapidement. Condamnant le comportement de l'Unita, "les tentatives faites pour subordonner à des liens ou à des conditions l'avancement du processus de paix ne seront pas appuyées par la communauté internationale et doivent être abandonnées immédiatement [86] ".

Le 13 novembre 1996, le Parlement angolais amende la Constitution en prolongeant la législation de l'Assemblée et révoque la décision de créer un poste de vice-président. Son mandat est prolongé pour deux années au moins, jusqu'à ce que la situation militaire, politique et matérielle soit favorable. A ce sujet, le consensus existe entre les Nations Unies et l'Unita pour dire que les élections ne peuvent pas avoir lieu à l'heure actuelle. Cependant, pour l'Unita, l'amendement de la Constitution est considéré comme un "coup constitutionnel" en violation du Protocole de Lusaka. Le secrétaire général de l'Unita, Paulo Lukamba Gato, regrette que le MPLA ait décidé seul de ce changement constitutionnel sans consulter l'Unita [87] . En outre, les députés de l'ex-mouvement rebelle sont toujours absents à Luanda.

Lors des élections législatives de 1992, 70 députés de l'Unita sont élus, sur 220 sièges que comporte l'Assemblée Nationale. L'Unita conditionne l'arrivée de tous ses dirigeants à un geste de bonne volonté du gouvernement concernant la définition d'un "programme commun". Cette question fait l'objet de négociations entre les deux parties. Le gouvernement de Luanda repousse les prétentions de J. Savimbi en mettant en avant son seul pouvoir en la matière.

Sur les 70 députés élus, 12 sont arrivés à Luanda le 12 février 1997, 4 sont exclus pour "des raisons internes au parti" (en fait, certains n'ont pas quitté Luanda entre 1992 et 1997, ce que l'Unita considère comme une compromission), 54 députés arrivent le 9 avril 1997 [88] , [89] .

3. Formation du Gouvernement d'Unité Nationale et de Réconciliation (GUNR)

Les multiples reports de la formation du gouvernement entraînent la paralysie du pouvoir entre le mois de décembre 1996 et le mois d'avril 1997.

Prévue initialement pour le 25 janvier par la CCPM après un premier report en décembre 1997, la date de formation du gouvernement est reportée sine die le 23 janvier. En fait, sa mise en place dépend de la définition du statut de Jonas Savimbi et du retour des députés à Luanda. Ces reports sont dus aux exigences de l'Unita et à l'immobilité du gouvernement qui, soutenu par la communauté internationale, refuse de faire les compromis nécessaires à l'évolution du processus de paix.

L'Unita exige l'élaboration d'un "programme minimum" de gouvernement et la définition des priorités du nouveau gouvernement ainsi que des précisions concernant la durée de son mandat. Pour l'Unita, de nouvelles élections doivent avoir lieu, l'actuelle Assemblée Nationale n'ayant pour lui aucune légitimité. "Pour qu'il ait véritablement gouvernement d'unité nationale, il faut que le MPLA et l'Unita constituent un seul gouvernement [90] " [91] . Mais le porte-parole du MPLA, Manuel Joao Lourenço, estime que "l'Unita [doit] respecter le principe de majorité [92] " qui permet au parti au pouvoir d'élaborer la politique gouvernementale. Les accords de paix prévoient l'obéissance du nouveau gouvernement au programme de l'actuel cabinet ministériel.

En mars 1997, la situation se débloque brusquement, après le 31ème anniversaire de la fondation de l'Unita, le 13 mars. Ce retournement intervient au moment de la visite du Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, en Angola, après laquelle le gouvernement accepte de discuter avec l'Unita d'un programme commun minimum de gouvernement.

Pour prouver sa bonne volonté, l'Unita annonce le retour de 11 personnalités (4 ministres et 7 vice-ministres) à Luanda qui doivent rentrer au nouveau gouvernement. Le ministre des Affaires Etrangères, Venancio de Moura, craint que l'attitude de J. Savimbi soit le fait de nouvelles manœuvres dilatoires [93] .

Après le vote de la loi sur le statut de J. Savimbi le 9 avril et le retour de l'ensemble des députés de l'Unita à Luanda, le nouveau gouvernement est constitué le 11 avril lors d'une cérémonie officielle où sont présentes différentes personnalités : le président du Portugal, Jorge Sampaio, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de la SADC et des pays lusophones, les présidents Pascal Lissouba du Congo, Omar Bongo du Gabon, Alpha Oumar Konaré du Mali, Timothée Ahema Nguetta, représentant le président ivoirien, le représentant des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, le Secrétaire Général de l'OUA.

J. Savimbi est absent à la cérémonie d'investiture. D'après lui, sa sécurité n'est pas assurée à Luanda. Véritable raison ou signe qu'il ne cautionne pas le régime ? Sa présence aux côtés de Dos Santos aurait accru la confiance et la crédibilité du GURN.

La CCPM approuve le nouveau gouvernement composé de 84 membres [94] (28 ministres, 1 secrétaire d'Etat et de 55 vice-ministres). Le président Dos Santos désigne 4 ministres et 7 vice-ministres issus de l'ex-mouvement rebelle [95] .

Le nouveau gouvernement inclut 5 autres partis même si leur présence n'est pas prévue dans le GURN :

- le Parti Libéral Démocratique ;

- le Parti Démocratique pour le Progrès de l'Alliance Nouvelle de l'Angola ;

- le Parti National Démocratique de l'Angola ;

- l'Alliance Démocratique ;

- le Parti Social Démocratique.

Ce nouveau gouvernement a pour objectifs de mettre un point final à la constitution de la nouvelle armée, de démobiliser les troupes excédentaires (à peu près 100.000 hommes) et d'organiser le retour des déplacés et des réfugiés.

La formation du nouveau gouvernement est approuvée par le Conseil de Sécurité [96] . Les problèmes militaires en suspens et l'extension de l'administration doivent être réglés le plus rapidement possible. Le Conseil de Sécurité décide de prolonger le mandat de l'Unavem III jusqu'au 30 juin. A cette date sera, alors, mise en place une mission d'observation [97] .

5. Normalisation de l'administration sur l'ensemble du territoire.

La normalisation de l'administration devait intervenir le 10 décembre 1996. Cet objectif est placé sous la responsabilité du ministre de l'administration territoriale et discuté au sein du "Central Intersectoral Operation Group" [98] . Au mois de mars 1997, le gouvernement propose de débuter le processus à Mbanza Congo [99] , province au nord du pays. Pour l'Unita, la procédure ne peut commencer qu'après l'établissement du nouveau gouvernement. Ainsi, le début de son exécution est fixé au 2 mai, ce qui situe ce processus hors de ce champ d'étude. Le retard d'application s'explique par la volonté de l'Unita de voir reporter à plus tard un sujet très problématique. Car, il suppose que le mouvement rebelle devra abolir les structures administratives parallèles qu'il a mises en place [100] .

Le maintien de l'Unita dans les zones qu'elle a conquises depuis 1992, et le retour à la guerre, est vital pour l'organisation à deux titres :

- s'assurer du contrôle physique des populations qui permet à l'Unita de soutenir ses structures ;

Le contrôle des territoires permet au leader de l'Unita de préserver sa crédibilité face à sa base mais aussi face au reste du pays et notamment face à ses adversaires de toujours. "C'est une question d'orgueil. Les accords de Lusaka sont très durs pour l'Unita qui a tout à donner. M. Savimbi doit encore mettre tout son poids pour faire "avaler la pilule" [101] ".

- contrôler le trafic illégal de diamants qui rapporte à l'Unita plus de 500 millions de dollars par an [102] . Endiama, entreprise d'Etat pour l'exploitation des mines de diamants, concurrence l'Unita dans ce domaine.

L'Unita exige de continuer à bénéficier des revenus qu'elle tire des mines de diamants. "Nous voulons être assurés d'exploiter légalement une partie des diamants afin de pouvoir survivre comme parti politique [103] ".

5. Conclusion du processus électoral.

D'après le Protocole de Lusaka [104] , "the electoral process should be concluded with the holding of the second round of the presidential elections [105] ".

General Principles : "3. The second round of the presidential elections shall take place after the United Nations, within the framework of its new mandate, and having heard the view of the organ to succeed the CCPM and the advisory opinions considered necessary, declares that all the requisite conditions for the purpose, including political and material conditions, have been fulfilled."

Specific Principles : "4. The requisite conditions for the holding of the second round of the presidential elections to be certified by the United Nations shall be, among others, the following :

(a) Guarantees of safety, free circulation of persons and goods and public freedoms throughout the national territory ;

(b) Effective guarantee of the functioning of the State Administration and of the normalization of national life throughout the national territory, including the rehabilitation of communication routes and the resettlement of displaced persons. [106] "

Les conditions requises pour la tenue de nouvelles élections sont très peu explicites et ne donnent pas beaucoup d'espoir. De plus, les élections législatives sont prévues dans deux ou trois ans, c'est-à-dire en 2000 ou 2001, ce qui semble bien lointain.

Les conditions politiques impliquent la cohabitation effective au sein du gouvernement entre le MPLA et l'Unita, la participation réelle de J. Savimbi à la vie politique et la démilitarisation totale du pays. Pour cela, il faudra que le leader de l'Unita accepte de revenir à Luanda, qu'il accepte d'abandonner ses objectifs militaires.

Dans le cadre de la pacification du pays, d'autres conditions sont requises : la sécurité et la liberté de mouvement, les libertés publiques, le bon fonctionnement et la normalisation de l'administration, la réhabilitation des voies de communication, la réinstallation des populations déplacées. Le déminage et la reconstruction des villes détruites sont considérés comme des priorités par le gouvernement. Cela signifie aussi la fin des chek-points [107] , la neutralité de la police (par la participation des ex-membres de l'Unita dans la création d'une police nationale) et la fin de la propagande dans la presse et à la radio [108] .


2ème PARTIE-. LES RESSOURCES POLITIQUES DE LA REGION

Il s'agit d'examiner maintenant l'ensemble des interactions qui ont pu être à l’œuvre entre d'une part, le processus de paix en Angola et d'autre part, l'ensemble géopolitique que constitue l'Afrique australe. Le processus de paix se caractérise par le conflit opposant Dos Santos et Savimbi dans le domaine militaire et le domaine politique. C'est aussi un processus qui ne peut faire l'économie de l'influence du milieu dans lequel il s'inscrit.

Il faut noter l'inscription de plus en plus marquée, à partir de 1994, du règlement du conflit angolais dans l'espace géopolitique le plus performant, ou tout au moins le plus porteur d'espoirs.

La modification des espaces géopolitiques dominants et des relations qu'ils entretiennent se traduit par :

- la conclusion d'un accord de paix en novembre 1994, point de départ de notre réflexion ;

- la fin de l'implication partisane des puissances occidentales dominantes ;

- le renversement des alliances régionales liant l'Angola à ses voisins ;

- les changements touchant l'Afrique australe faisant d'elle un pôle économique et politique.

La ligne de conduite des pays de la région peut être posée de la manière suivante : établir un compromis satisfaisant entre choix rationnel, sécurité et coopération économique [109] . La rationalité les oblige à coopérer économiquement, mais cela les oblige aussi à adopter une attitude rationnelle du point de vue de la sécurité.

Dans son article [110] , A. Prentice Hull explique le comportement actuel des pays de la région par le modèle de l'expected-utility [111] , ce que nous pouvons traduire par le modèle de l'"utilité espérée". A l'aide d'un tel modèle, il détermine les coûts et les bénéfices d'un accord entre pays par rapport aux coûts et aux bénéfices d'un conflit armé.

Existe-t-il un "gain" commun pour les pays d'agir ensemble, de "coopérer économiquement et politiquement" pour promouvoir la paix et la stabilité ? Est-ce que ce "gain" sera équitablement partagé entre tous ? Est-ce que le "multilatéralisme" est préférable au bilatéralisme ? Est-ce que, finalement, la paix en Angola est "utile" pour la région ? Les initiatives de Nelson Mandela et de la SADC prouvent qu'il existe à ce sujet un intérêt commun. Mais quels seront les bénéfices pour la paix en Angola ?

Par ailleurs, depuis 1994, les normes qui régissent les relations entre les pays de la région ont changé.

La première période correspond à l'époque de l'apartheid en Afrique du Sud et aux conséquences induites par ce régime, à savoir, le consensus établi contre un pays jugé comme déstabilisateur.

Dans la seconde période, l'ennemi commun a disparu. Le problème politique en s'effaçant met à jour d'autres antagonismes, économiques, plus difficiles à relever. Malgré tout, la réussite économique de la région passe par la résolution de tous les conflits sécuritaires, le plus important étant celui de l'Angola.

A propos du conflit angolais, tout un ensemble d'interactions est repérable : interactions entre l'Angola et la communauté internationale, interactions entre l'Angola et la région d'Afrique Australe, interactions entre l'Angola et l'Afrique du Sud. Ce sont les deux derniers points qui nous retiendrons essentiellement dans les pages suivantes. Finalement, il s'agit de penser les relations entre le tout et la partie, entre un pays et son environnement géopolitique.

Pour le règlement de la question angolaise, la région présente deux types de ressources politiques :

1. des ressources politiques individuelles qui appartiennent à l'ordre du symbolique ;

2. des ressources politiques collectives qui font appel à des contingences matérielles.

Le changement de système dans lequel s'insère le conflit angolais a entraîné une modification des mécanismes de fonctionnement du système, c'est-à-dire le passage du militaire au diplomatique, moins "coûteux" et plus "bénéfique".


CHAPITRE 1-. UN CADRE POLITIQUE SPECIFIQUE : LES ORGANES POLITIQUES DE LA SADC

Depuis 1994, avec l'embrasement de certaines parties de l'Afrique que ce soit dans la région des Grands Lacs, en Afrique de l'Ouest ou dans la Corne de l'Afrique, l'Afrique australe apparaît comme la seule région pacifiée. Un regain d'intérêt se manifeste pour les pays de la zone : recherche de la démocratie, reconstruction économique, larges marchés à conquérir.

De plus, à partir de 1995, l'organisation régionale connaît elle aussi un renouveau institutionnel et politique rendu possible par la résolution des derniers conflits, notamment en Afrique du Sud et en Namibie. Le rapprochement des pays se traduit par la volonté de s'inscrire durablement dans un espace de paix d'où la nécessité de conjuguer leurs efforts pour résoudre et soutenir le processus de paix en Angola.

1-. Le renouveau politique de l'Afrique australe : une chance pour l'Angola ?

Avant de faire le point sur les différentes prises de position qui témoignent du renouveau politique et institutionnel de la région, il est utile de faire le point sur l'organisation de la Communauté de développement de l'Afrique australe.

Originalement connue sous le nom de Southern African Development Coordination Conference (SADCC), l'organisation est fondée le 1er avril 1980 [112] à la suite de l'adoption de la déclaration de Lusaka sur la libéralisation économique en Afrique australe [113] . Cette déclaration est adoptée par 9 pays : Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.

La déclaration et le traité établissant la SADC, Southern African Development Community, sont adoptés le 17 août 1992 [114] lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la SADCC. Ainsi les pays souscrivent à une communauté d'objectifs et de moyens que la première organisation ne permet pas. La nouvelle organisation a son siège à Gaborone, Botswana. Les pays membres de la communauté sont : l'Angola, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, l'Ile Maurice (en 1995), le Mozambique, la Namibie, l'Afrique du Sud (en 1994), le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe.

Le traité liant ces différents pays les engage à respecter les principes fondamentaux :

- d'égalité et de souveraineté ;

- de solidarité, de paix et de sécurité ;

- de respect des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'Etat de droit ;

- d'équité, de bénéfices mutuels et réciproques.

L'objectif principal est de réaliser l'intégration et la coopération économique et corrélativement [115]  :

• la croissance et le développement économique, combattre la pauvreté et les inégalités sociales, élever le niveau de vie des populations ;

• la mise en place de valeurs, de systèmes et institutions politiques communs ;

• la paix et la sécurité ;

• l'interdépendance et l'intégration comme base du développement ;

• la coordination des politiques nationales et régionales ;

• l'emploi productif et l'utilisation des ressources humaines de la région ;

• l'utilisation des ressources naturelles et la protection de l'environnement ;

• la consolidation des liens historiques, sociaux et culturels entre les populations.

Sur le long terme, la SADC prévoit la création d'un marché commun en s'appuyant dès aujourd'hui, sur la coopération par secteur et l'intégration commerciale en abaissant les barrières douanières.

Les moyens mis en oeuvre pour accéder à l'intégration et à la coopération sont les suivants [116]  :

• l'harmonisation des politiques dans les domaines socio-économique et politique ;

• la mobilisation et l'implication des populations dans les domaines social, économique et culturel ;

• la création d'institutions et de mécanismes pour la mobilisation des ressources nécessaires ;

• l'élimination des obstacles à la libre circulation des hommes, des biens, des services et du capital ;

• le développement des ressources humaines ;

• la maîtrise et le transfert des technologies ;

• la coopération économique régionale ;

• la coordination et l'harmonisation des politiques étrangères ;

• l'encouragement aux investissements publics et privés étrangers.

Il faut bien voir que le premier objectif de l'organisation et celui que la structure revendique encore maintenant, est de réaliser l'intégration et la coopération économique. La SADCC est créée en 1980 pour réduire la dépendance économique extérieure, principalement vis-à-vis de l'Afrique du Sud qui est considérée, à cette époque là, comme une force hostile dans la région.

Pendant 12 ans, la SADCC jouera un rôle important [117]  :

- en forgeant l'identité régionale de l'Afrique australe ;

- en développant la solidarité entre les membres contre l'Afrique du Sud ;

- en attirant l'attention internationale sur l'Afrique australe, notamment en matière d'aide financière ;

- en montrant que la coopération et l'intégration économiques sont impératifs pour la croissance économique et le développement de la région.

Le passage de la SADCC à la SADC est nécessaire pour entreprendre des projets économiques de plus grande envergure sur la base de la coopération et du partage des responsabilités. Un nouveau cadre institutionnel [118] est mis en place où chaque pays est responsable d'un secteur d'activités [119] .

Le traité de la SADC étend son rôle dans 3 domaines : l'établissement progressif d'un marché commun, la décentralisation des structures de décision, la mise en avant du respect des droits de l'Homme, de la démocratie et de la "good governance".

Il existe deux modèles de régionalisme économique : la coopération sectorielle et l'intégration commerciale. La coopération régionale nécessite la coopération dans des domaines spécifiques économiques. Au contraire, l'intégration commerciale implique l'intégration progressive en matière d'échanges commerciaux, d'investissement, de flux de capitaux et de ressources humaines, d'harmonisation des politiques économiques nationales dans la région.

L'intégration régionale est un processus graduel qui implique 5 étapes [120]  :

1. L'établissement d'une zone commerciale préférentielle ouvrant les marchés de la région par la réduction de certains tarifs douaniers.

2. L'introduction de tarifs douaniers communs à tous les pays de la région et la disparition des barrières douanières entre eux.

3. L'établissement d'une union douanière entre les membres de la région.

4. L'établissement d'un marché commun et la libéralisation du mouvement des capitaux et des forces productives.

5. L'établissement d'une union économique fondée sur l'harmonisation des politiques fiscales et monétaires.

La SADC implante en même temps une politique d'intégration et de coopération économique, les deux procédés se renforçant simultanément. Par ailleurs, les différences de développement économiques et d'ordre structurel des membres ne sont pas considérées comme un obstacle majeur à la réalisation des objectifs à cause de la coopération de chacun et à l'intégration progressive au sein d'un même ensemble.

Depuis août 1995, la volonté de créer une communauté économique en l'an 2000, les transformations politiques intervenues ces dernières années (indépendance de la Namibie en 1991, la fin de l'apartheid en 1994) revitalisent une organisation un tant soit peu léthargique. Ces membres s'aperçoivent que des actions positives sont possibles s'il y a des besoins communs.

Ainsi, en septembre 1995, le premier accord est signé. Il porte sur le partage et l'utilisation des ressources hydrauliques de la région, l'approvisionnement en eau étant un problème urgent à régler car vital pour tous [121] .

Mais le point de départ des changements politiques de l'organisation est donné lors du discours d'ouverture de Nelson Mandela au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la SADC, le 28 août 1995. Il précise les nouveaux axes de travail pour les prochaines années [122] .

"Our concern for national sovereignty and national interest need not prevent us from planning seriously for regional growth and development - indeed they dictate that we move in that direction, because our fortunes are so interdependent. None of us can achieve sustainable growth and development, or peace and stability, in isolation.

The directions have been marked out across our region : political stability based on democratic governance and human rights. [123] "

L'adhésion en août 1994 de l'Afrique du Sud au traité de la SADC rend ces raisons caduques. De ce fait, de nouvelles options s'imposent : promouvoir la coopération et l'intégration économiques et mettre à l'ordre du jour des agendas politiques, le respect de la démocratie et de l'Etat de droit. L'ambition pour les pays membres est de présenter un front politique et économique uni à un moment où le reste de l'Afrique est marginalisé politiquement et économiquement.

Les anciens alliés externes de l'Angola se sont soit détournés, soit ont adopté des attitudes plus prudentes. Leurs interventions privilégient la pacification politique [124] dans la mesure où elle ne remet pas en cause leurs intérêts économiques. Si la communauté internationale n'a pas totalement abandonné l'Angola, les soutiens sont davantage à rechercher maintenant du côté du continent africain. Optant pour des attitudes modérées, Dos Santos et Savimbi regardent de plus en plus du côté de l'Afrique australe et du côté de la SADC qui désire se donner le rôle de "pourvoyeur de paix et de stabilité". L'Angola peut trouver le soutien politique nécessaire pour accélérer le processus de paix.

L'intérêt de la région pour le conflit angolais s'explique de plusieurs façons :

- c'est le dernier conflit armé d'Afrique australe ;

- c'est un foyer d'insécurité latent ;

- le pays représente un immense marché pour les économies locales ;

- c'est un pays qu'il faudra reconstruire, rééquiper, moderniser.

La justification du "défi sécuritaire" est double : la sécurité passe autant par la pacification politique et militaire que par le redressement économique.

2-. Le défi sécuritaire inévitable

Si 1994 marque le début des négociations de paix en Angola et la signature du Protocole de Lusaka, c'est aussi le moment des changements dans les domaines de la sécurité en Afrique australe et le début d'une réflexion pour mettre en place des mécanismes de prévention des conflits et de médiation. Dans cet esprit, l'Angola apparaît comme le dernier "abcès" à réduire, la dernière guerre à laquelle il faut mettre un terme. Par conséquent, les transformations touchant la région peuvent apporter une solution régionale et pacifique à l'enlisement du processus de paix en Angola.

Dès juillet 1994, au sein de la SADC, se manifeste la volonté de s'intéresser de manière plus concrète aux problèmes de sécurité, de médiation en cas de conflit et de coopération militaire. Pour la première fois, la SADC, organisation à finalité économique, s'intéresse à un domaine qui n'est pas de son ressort. Cette réflexion est menée au sein d'un groupe de travail [125] sur les thèmes de la démocratie, de la paix et de la sécurité. En la matière, ce groupe propose :

- que "la résolution des conflits et la coopération politique" deviennent un secteur à part entière de la SADC comme peuvent l'être le commerce ou le tourisme. Ce secteur serait confié alors à un des membres de l'organisation ;

- qu'un protocole soit établi pour régir les comportements des différents pays afin de parvenir à une harmonisation des politiques dans ce domaine [126] .

Mais les intentions de la SADC s'appuient sur un précédent. Il existe depuis les années 1970 une organisation, la "Front-Line States" (les pays de la Ligne de Front), qui a réussi à fédérer un certain nombre de pays sur les problèmes politiques que la région a connus à cette époque-là. Constituée en 1970 par les premiers Etats d'Afrique australe indépendants, la Tanzanie et la Zambie, la FLS joue le rôle de lobby en faveur de la libération de l'Afrique du Sud, de la Namibie et du Zimbabwe. Ce groupe est le chef de file de la lutte contre le pouvoir blanc en Rhodésie, devenue le Zimbabwe, puis contre le régime de l'apartheid en Afrique du Sud.

La dissolution du FLS est décidée en juillet 1994. Au niveau des objectifs idéologiques, le groupe n'a plus de raison d'être. Les Etats préfèrent une organisation plus "institutionnelle" en créant au sein de la SADC un organe spécialisé pour les problèmes politiques et de sécurité. Cette décision est ratifiée lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la SADC le 29 août 1994. Il s'agit à présent de constituer un groupe homogène devant les problèmes, que la région peut rencontrer à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur de ses limites géographiques.

Il est toujours difficile de mettre en place une véritable sécurité commune que ce soit à l'échelle d'une région ou d'une sous-région. Dans le cas de l'Afrique australe, la Front-Line States semblait constituer un précédent positif. Mais, à l'heure actuelle, la région, dans sa grande majorité, ne présente aucun foyer conflictuel de taille, à l'exception évidente de l'Angola. Le problème angolais peut-il constituer le moteur de la création de ce nouvel organe ?

La création d'une sécurité commune implique de prendre en considération les facteurs potentiels d'insécurité et de tenir compte de certaines logiques.

Il existe plusieurs facteurs d'insécurité. Ils sont davantage internes qu'externes [127]  :

une situation d'insécurité dans un pays se répercutant dans les pays voisins ;

le désir de sécurité des populations touchées ;

les relations difficiles entre la société civile et l'armée ;

l'absence d'un gouvernement efficace et légitime.

La création d'une instance supranationale se heurte à la fois au problème de son contrôle par les Etats membres et au respect de leur souveraineté dans les domaines politiques, militaires et policiers [128] . Ce sont de simples intentions et il faut voir que cet organe aura plus un rôle de médiation et de concertation qu'une fonction véritablement active. Pour des pays ayant depuis peu de temps acquis leur indépendance et donc jouissant récemment de leur souveraineté, il serait inopportun de remettre en cause si brusquement des droits pour lesquels ils se sont battus.

Il n'est donc pas question d'une remise en cause explicite ou implicite de la souveraineté des Etats. Il s'agit davantage de mettre en commun des intérêts et des besoins pour parvenir ensemble à la solution la plus consensuelle.

Par ailleurs, en Afrique, sécurité nationale et régionale ne doit pas être perçue uniquement en terme de défense et de sécurité. Elle nécessite d'être aussi appréciée en terme de développement social et économique.

Cet aspect pose le problème des inégalités de développement entre les pays et à l'intérieur même des pays [129] . Cela est préoccupant en Afrique australe. L'Afrique du Sud, malgré ses déchirements internes, est considérée à juste titre par ses voisins comme le géant économique de la région mais aussi comme le géant politique, portée par l'aura de Nelson Mandela.

L'Afrique du Sud est le pays qui attire les investissements non africains. Elle constitue aussi un immense marché pour la main d’œuvre des autres pays de la région. De nombreux Mozambicains fuyant leur pays ruiné par la guerre n'hésitent pas à aller en Afrique du Sud pour trouver du travail. La sécurité des pays de la zone passe donc par le relèvement économique des pays de la zone. La SADC sera amenée à jouer ce rôle. De fait, intégrer l'organe de sécurité au sein de l'organisation économique régionale paraît être a priori un enjeu majeur. Car les objectifs et les moyens pour atteindre cette sécurité tant souhaitée différeront selon la situation économique et sociale des pays.

Ainsi, les pays, dans leur réflexion, doivent s'attacher à définir le concept de sécurité régionale qu'ils veulent voir réaliser [130] . Considérée comme une puissance par ses voisins et crainte pour ce qu'elle est, l'Afrique du Sud doit revoir son rôle en le rapportant à ses propres intérêts nationaux, à ses attentes. Le sentiment à son encontre est double : s'ils la craignent, dans le même temps, certains souhaiteraient qu'elle assure le rôle de gendarme régional, en s'appliquant dans un premier temps à résoudre le problème angolais. Mais ses capacités restent encore limitées : capacités financières qui l'engagent au repli, capacités sociales en raison des fortes pressions internes qu'elle subit pour une meilleure redistribution des richesses à l'intérieur du pays.

Dans le cas angolais, elle ne veut pas intervenir militairement comme par le passé. Elle préfère la prudence et agir à un niveau moins sensible par l'action diplomatique. Elle est cependant intervenue au Lesotho où son intervention associait des implications directes et indirectes [131] .

Tout cela conduit à poser les questions suivantes :

- la sécurité doit-elle s'organiser autour d'un seul pays ?

- si ce pays le souhaite, en a-t-il réellement les moyens sur le long terme ?

- comment déterminer ce pays ? Quelle sera la situation dans quelques années ? N'y aura-t-il pas des "concurrents" ?

Le régionalisme a-t-il besoin d'un pays assurant le leadership politique et économique ? L'Afrique du Sud dispose effectivement des institutions politiques et économiques nécessaires pour influencer positivement le processus régional, mais en a-t-elle la volonté ? Dans les domaines de l'économie et de la sécurité, la région a un rôle à jouer pour modérer la puissance sud-africaine. Mais cette dernière aura besoin, à terme, de la région pour poursuivre son développement [132] .

En matière de sécurité commune, il est certain que pour l'Afrique australe, la coopération se fait entre Etats institutionnellement fragiles en termes de ressources économiques, financières et de ressources humaines. A ce niveau, il s'agit de renforcer la coopération diplomatique, de multiplier les rencontres entre ministres des Affaires Etrangères afin d'encourager l'échange d'informations, de définir des intérêts communs servant par la suite de lignes de conduite dans des situations de crise.

L'échange d'informations permet de réduire les sources d'insécurité liées à l'absence de communication, à l'incompréhension [133] . Ainsi, un effort au niveau des réseaux de télécommunications peut avoir des bénéfices appréciables dans ce domaine. Il serait peut-être audacieux de faire mentir le propos suivant [134]  : "a security community but a community of insecurity [135] ". Plus largement, la sécurité passe aussi par l'échange d'informations dans des domaines comme le trafic d'armes, le respect des embargos économiques...

Envisager de mettre en place une force armée, de former des unités opérationnelles auxquelles participerait l'ensemble des pays de la SADC, envisager à terme de supprimer les forces militaires nationales, tout ceci semble appartenir au domaine de l'utopie. L'intervention d'une force d'interposition sous-régionale telle qu'elle est à l’œuvre actuellement au Liberia montre à quel point leur équilibre est fragile et que confier au "géant du moment" la direction des opérations n'est pas forcément la solution la plus judicieuse [136] .

Malgré tout, les pays membres de la SADC envisagent la réduction des budgets de défense et le désarmement pour "libérer des ressources financières... pour les réorienter vers des activités productives en terme de développement humain [137] ".

En outre, il reste certains foyers de conflits ultérieurs possibles :

- le litige frontalier entre la Namibie et le Botswana concernant l'île de Ceded ;

- le désaccord entre la Zambie et le Zimbabwe concernant le barrage de Carabao et la propriété d'une petite île sur le Zambèze [138] .

La sécurité que désire l'Afrique australe implique nécessairement la coopération entre des pays géographiquement proches et formant des espaces où des objectifs communs peuvent être définis. Est-ce le cas ?

La région possède cependant un atout important : les structures concernées par les problèmes de sécurité sont à un stade élémentaire ce qui est préférable à des mécanismes trop élaborés qui pourraient être paralysants [139] . C'est la seule région où il existe une véritable dynamique d'intégration régionale. Connaîtra-t-elle des développements positifs dans l'avenir ?

En mars 1995, les ministres des Affaires Etrangères des pays membres de la SADC, réunis à Harare, recommandent la transformation de la Front-Line States en un organe de sécurité appelé "Association for Southern African States" (ASAS), qui serait l'aile politique de l'organisation régionale. Elle a pour objectif de contribuer à la résolution des problèmes politiques et à la médiation entre les Etats afin de "promouvoir la paix et la sécurité en Afrique australe [140] ". Elle constitue le mécanisme premier de prévention et de résolution des conflits. Ouverte à tous les pays membres de la SADC, la ASAS est une institution à la fois politique et militaire. Indépendante du secrétariat de la SADC, elle n'en subit pas l'influence et elle est uniquement en rapport avec les chefs d'Etat et de gouvernement.

Ces principes sont les suivants [141]  :

t égalité des membres ;

t respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des Etats ainsi que de           leur droit inaliénable à l'indépendance ;

t règlement pacifique des conflits par la négociation, la médiation ou l'arbitrage ;

t interventions militaires en accord avec la charte de l'OUA et des Nations Unies.

Ces objectifs sont ainsi définis [142]  :

t protection des populations de la région contre toute forme d'instabilité interne ou externe ;

t coopération régionale en matière de défense et de sécurité ;

t soutien aux organes et aux institutions de la SADC ;

t coordination et harmonisation des politiques étrangères ;

t développement des institutions et des pratiques démocratiques et respect des droits de l'Homme en accord avec les principes de la charte de l'OUA et des conventions des Nations Unies ;

t paix et stabilité de la région au moyen d'opérations de maintien de la paix ou de rétablissement de la paix.

Cependant, la création d'un tel organe est reportée en raison peut-être de ses objectifs trop nombreux, trop ambitieux alors qu'il n'est question au départ que d'un organe consultatif, de concertation sans réel pouvoir d'action dans un premier temps. Par ailleurs, il semble que ce report a pour origine l'opposition du président du Zimbabwe, Robert Mugabe, soucieux du rôle qu'il a joué au sein du FLS et méfiant devant la montée en puissance de l'Afrique du Sud [143] .

Il semble aussi nécessaire d'apporter une réponse au débat concernant l'avenir de la ASAS et de définir plus clairement ses liens juridiques et ses relations avec la SADC et avec chacun des pays membres.

Malgré tout, il existe en Afrique australe, un forum où se rencontrent les ministres de la Défense et de l'Intérieur : "Inter-State Defence and Security Committee" (ISDC). Il est établi en 1983 sous l'égide du FLS et rassemble en novembre 1994 les pays suivants : Lesotho, Malawi, Namibie, Afrique du Sud, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe. C'est une structure informelle, se réunissant selon la bonne volonté de ses membres.

Ces objectifs peuvent se définir comme suit [144]  :

- prévention des agressions intérieures et extérieures ;

- prévention des coups d'Etat ;

- gestion et résolution des conflits ;

- promotion de la paix et la stabilité régionale ;

- promotion du développement régional.

Ce comité vise à encourager la coopération multilatérale et les initiatives diplomatiques préventives. Il coiffe 3 autres comités chargés des questions de défense, de sécurité publique et de sécurité nationale [145] .

Après le report de la constitution de la ASAS au sein de la SADC, cette structure informelle semble plus appropriée à agir efficacement car elle a plusieurs avantages :

- elle n'est pas contraignante ; elle est sujette aux besoins du moment ;

- elle semble être indépendante de toute influence puisque elle n'est pas "institutionnalisée".

Si ses membres sont tentés de l'organiser, de l'inclure dans une structure plus formelle comme la SADC, son efficacité en serait diminuée.

Le report de la mise en place d'une branche politique au sein de la SADC, fonctionnant dans les faits, oblige à poser un certain nombre de questions :

1. Il existe en Afrique australe une volonté réelle de mettre en place un organe en charge des problèmes de sécurité. Les diverses tentatives le montrent. Par ailleurs, le contexte actuel s'y prête. Au delà de la simple volonté, il faut aussi voir qu'il est nécessaire pour les pays de la région de se prémunir contre le désordre :

- désordre interne : prévenir les conflits, soutenir la paix en Angola, réduire les disparités de développement politique et économique ;

- désordre externe : l'Afrique centrale est en pleine recomposition. Hier, le Zaïre de Mobutu Sese Seko ; aujourd'hui, le Congo de Pascal Lissouba. Les conséquences de tous ces changements ont des effets certains sur l'évolution politique et militaire du conflit de l'Angola. Ainsi, deux ensembles géopolitiques se font face. L'Afrique australe a perçu la nécessité de se prémunir contre cette menace.

2. Dans cette perspective, l'idée de bâtir une sécurité commune n'est pas incongrue. Le contexte politique est favorable mais la question du comment se pose. L' "informel" politique fonctionne ; le "formel" marque le pas. Dans le premier cas, il est plus facile de réduire les velléités de domination de certains. Tant que l'Afrique du Sud n'aura pas éclairci ses relations avec les autres pays de la région, elle pourra gêner toute réalisation concrète.

3. La région a une chance en intégrant les problèmes de sécurité au sein de la SADC de parvenir à un résultat concret. Mais il faut que les acteurs prennent conscience que la structure duale de l'organisation peut être un obstacle. En effet, au sein du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, une opposition est apparue entre N. Mandela, qui encourage l'intégration et la coopération économique et R. Mugabe, défenseur de la démocratie, de la paix et de la sécurité.

Il est nécessaire de revoir l'organisation et le fonctionnement du futur organe de sécurité pour harmoniser son développement avec celui des autres organes de la SADC si les pays veulent s'organiser efficacement autour de la même structure. Les questions d'identité, d'espace social et de respect des droits de l'Homme ne devront pas être tenues à l'écart.


CHAPITRE 2-. LES INITIATIVES POLITIQUES DE LA REGION

En faveur d'un processus de paix balbutiant, dans le contexte des transformations politiques en Afrique australe, l'Angola a bénéficié du soutien moral et diplomatique des dirigeants africains au travers des structures de la SADC. Ecartant toute possibilité d'intervention armée en faveur d'un camp ou de l'autre, la ligne de conduite des Etats est d'encourager les parties à aller jusqu'au bout des engagements pris à Lusaka par des efforts de médiation. Pour les chefs d'Etat et de gouvernement, il s'agit de jouer le rôle d'"intermédiaire" entre le gouvernement angolais et l'Unita tout en restant neutres et en agissant sans prendre partie.

Les initiatives de la région en faveur du processus de paix en Angola sont uniquement politiques :

- les initiatives de personnalités politiques ;

- les initiatives prises au nom d'une organisation.

Pour chacune d'elles, il est intéressant de déterminer le comment et le pourquoi.

Ces dernières années, les interventions diplomatiques ont été particulièrement innovantes dans le sens où elles sont le fait de nouveaux acteurs internationaux ou d'acteurs ayant réintégré récemment la scène internationale et qui ont l'ambition de jouer un rôle politique.

1-. Les initiatives personnelles : le rôle de Nelson Mandela

La nouvelle politique étrangère de l'Afrique du Sud sur le continent africain depuis 1994 est structurée autour de ses 3 principes [146]  :

- mettre en place une politique de prévention des conflits et des mécanismes de suivi des conflits ;

- s'impliquer dans la diplomatie préventive en privilégiant la concertation ;

- influencer l'émergence d'un ordre nouveau en Afrique et notamment en Afrique australe.

En septembre 1995, le vice-président sud-africain, Thabo Mbeki précisait de la manière suivante la position de l'Afrique du Sud vis-à-vis de la région [147]  :

"The Southern African region expects a positive contribution from South Africa in terms of their own development. They expect that we interact with them as a partner and ally, not as a regional super power, so that what we achieve, in terms of political, security and economic relations is balanced and mutually beneficial. [148] "

Plus généralement, la diplomatie sud-africaine s'organise de la manière suivante [149]  :

"South Africa should assume a leadership role in Africa in all those areas where a constructive contribution could be made without politically antagonising the country's African partners. [150] "

Pour tout ce qui concerne les questions de prévention des conflits et d'intervention en faveur de la paix, l'Afrique du Sud insiste sur l'adoption d'une approche multilatérale. Il est essentiel pour le gouvernement de n'être impliqué dans aucune intervention militaire [151]  :

- préférer les actions de la diplomatie préventive et offrir tout support logistique nécessaire ;

- insister pour qu'aucune prise de position ne doit être concevable dans les conflits internes ou entre Etats et privilégier la neutralité.

Certains reprochent à cette attitude de faire, en fin de compte, peu de cas des violations des droits de l'Homme [152] . D'autres regrettent cette indifférence qui ressemble à un repli sur soi. Mais le statut récent de nouvelle puissance politique de l'Afrique du Sud lui inspire davantage de prudence que d'indifférence. Elle ne veut pas être le gendarme de la région et préfère s'octroyer une position qui privilégie la concertation et la médiation.

La politique sud-africaine préfère centrer son action au niveau des négociations de paix, en mettant en avant sa position récente : être l'exemple d'une réconciliation nationale réussie, être un exemple pour les autres Etats africains.

Concernant son attitude face au processus de paix angolais, le gouvernement sud-africain a constamment refusé de s'impliquer militairement dans le conflit. Il a préféré exercer son influence pour qu' un gouvernement d'unité nationale soit établi et en privilégiant une solution pacifique. Concrètement, les actions de l'Afrique du Sud en faveur de l'Angola ont été diverses [153]  :

Depuis mai 1994, le pays s'est impliqué considérablement au niveau de l'aide humanitaire en soutenant un grand nombre d'ONG internationales et nationales. Son action cible les personnes les plus affectées par le conflit, les individus les plus vulnérables.

Par ailleurs, l'Afrique du Sud soutient financièrement les actions de maintien de la paix des Nations Unies en apportant une contribution technique à l'Unavem III dans ses opérations de désarmement et de démobilisation. Elle a participé à la création d'un centre de réinsertion des soldats démobilisés à Cuacra.

L'Afrique du Sud apporte sa coopération à l'Angola dans deux domaines : au niveau des échanges entre les deux pays dans l'optique de la reconstruction et de la modernisation industrielle, au niveau des investissements privés dans les secteurs agricole, minier et énergétique [154] .

En avril 1996, un accord de coopération est signé dans les domaines de l'agriculture et de l'élevage prévoyant l'établissement de fermiers blancs sud-africains en Angola.

Le gouvernement sud-africain apporte son soutien au gouvernement angolais dans son effort de démocratisation par une action au niveau de la logistique et du suivi de la mise en place d'une nouvelle administration.

En août 1995, l'Afrique du Sud a accordé à l'Angola une aide de 28 millions de rands (à peu près 7,8 millions de dollars) pour la mise en place des accords de paix de Lusaka [155] .

L'action du gouvernement sud-africain se caractérise par une aide financière et logistique au processus de paix en Angola ; une action diplomatique concertée avec les partenaires régionaux au sein de la SADC. Son intervention se situe entre l'intervention "active" (par exemple une action militaire) et la non-intervention (indifférence).

En fait, dès 1993, le ton est donné quant à l'attitude de l'Afrique du Sud face au conflit angolais dans une lettre du 16 mars du ministre des Affaires Etrangères au Secrétaire Général des Nations Unies :

"Je tiens à souligner qu'il ne serait pas conforme aux intérêts de l'Afrique du Sud que le conflit, les actes de destruction et l'instabilité perdurent en Afrique australe : les intérêts de l'Afrique du Sud, comme ceux du peuple angolais, consistent donc dans la négociation d'un avenir pacifique. Il est difficile d'imaginer quels intérêts stratégiques ou autres l'Afrique du Sud pourrait avoir à se laisser entraîner dans un conflit qui nuit non seulement aux relations bilatérales mais également à la région et à l'ensemble du continent [156] ".

Si l'Angola ne constitue pas la priorité pour le gouvernement sud-africain, si officiellement, aucune action politique d'envergure n'est décidée, l'intervention de l'Afrique du Sud se situe en fait davantage dans l'ordre du symbolique. Nelson Mandela, en rencontrant Dos Santos ou Savimbi, agit sur le plan de l'imaginaire plus qu'au nom d'une politique étrangère quelconque. Cette dernière préfère privilégier les images que peut véhiculer un président aussi charismatique que N. Mandela que d'agir "concrètement" ce qui pourrait lui être reproché par ses partenaires régionaux.

D'une certaine façon, ce comportement s'adapte à celui de l'Angola en terme de politique étrangère qui est davantage une affaire de réseaux et de sphères d'influence réciproque. Ainsi, dès après la signature du Protocole de paix de Lusaka, Dos Santos comme Savimbi ont cherché à s'adjoindre le soutien de N. Mandela. Ce dernier s'est prêté au jeu difficilement au début, puis lorsque sa position s'est affermie, son rôle est devenu plus actif.

En septembre 1995, J. Savimbi entreprend une tournée dans un certain nombre de pays pour inciter les chefs d'Etat à le soutenir et pour réaffirmer la solidité du processus de paix. Il s'est rendu au Maroc, au Burkina-Faso, en Côte d'Ivoire, au Zimbabwe, en Afrique du Sud et en Zambie. Le leader de l'Unita demande à l'Afrique du Sud son "soutien moral" [157] .

Dès février 1996, afin de renforcer les liens entre les deux pays et d'encourager le processus de paix, la visite de N. Mandela à Luanda est envisagée. En juin, la visite de N. Mandela est reportée à cause du remaniement ministériel décidé par le président Dos Santos [158] . Finalement, la visite de N. Mandela a lieu en octobre 1996 lors du sommet de la SADC sur le processus de paix à Luanda.

Il faut attendre le début de l'année 1997 pour voir le président sud-africain et son gouvernement s'engager plus visiblement en faveur de la paix en Angola. L'attitude de l'Afrique du Sud se modifie passant d'une observation prudente de l'évolution du processus de paix à un soutien explicite aux deux parties en privilégiant la conciliation et les négociations.

Lors d'une conférence de presse à Umtata [159] entre J. Savimbi et Thabo Mbeki, vice-président sud-africain, l'Afrique du Sud affirme "son engagement à contribuer au processus de réconciliation, de reconstruction et de développement en Angola". Concernant la question du statut de Savimbi qui est à l'ordre du jour à cette époque-là, l'Afrique du Sud "s'impliquera dans les discussions menées à ce sujet avec le gouvernement angolais [160] ". Cette rencontre montre clairement quel rôle le gouvernement sud-africain veut jouer.

Pour T. Mbeki, son pays peut servir de médiateur entre le gouvernement angolais et l'Unita. Pourquoi accentuer maintenant les efforts de conciliation entre les deux parties ?

- du côté du gouvernement sud-africain :

Par calcul diplomatique ? Pour éviter une nouvelle source d'instabilité si le processus de paix échoue ? Pour affermir sa position diplomatique en Afrique australe ?

- du côté du gouvernement angolais et de l'Unita :

Pour s'assurer du soutien de l'Afrique du Sud et par extension des chefs d'Etat des pays de la région face à une communauté internationale de plus en plus impatiente de voir aboutir le processus de paix ?

- du côté de l'Unita :

Pour réorienter, à la suite des événements qui secouent l'Afrique centrale, son réseau d'alliances en Afrique ?

Les pays de la région semblent rechercher activement le soutien de N. Mandela qui est pour la classe politique le symbole du combat réussi. L'arrivée au pouvoir de N. Mandela en avril 1994 et la mise en place d'un gouvernement d'unité nationale ont servi d'exemples de transition politique pacifique. Si cela est possible en Afrique du Sud, alors pourquoi pas ailleurs ?

Ces dernières années, s'est posé le problème de la présence de "mercenaires" sud-africains de la société, Executive Outcomes, en Angola aux côtés de l'Unita comme aux côtés du gouvernement. Cette question a empoisonné les relations avec le gouvernement sud-africain, pressé de prendre une position sur ce point.

Dans les années 1970 et 1980, ces hommes sont déjà présents en Angola et combattent avec l'Unita. A partir de 1992, c'est-à-dire juste après la signature des accords de paix de Bicesse, les "mercenaires" sud-africains se rangent du côté des forces gouvernementales, leur apportant un soutien technique. La présence de ces "conseillers" militaires, comme les appelle le gouvernement angolais, est dénoncée par le leader de l'Unita. En janvier 1996, le gouvernement dit avoir mis un terme à son contrat avec la société.

La législation sud-africaine interdit ses activités et condamne ses agissements. Le gouvernement angolais a expulsé un certain nombre de ces anciens soldats de l'armée sud-africaines. Mais l'Unita dénonce les demi-mesures du gouvernement qui continuerait à utiliser les services d'Executive Outcomes pour protéger les exploitations pétrolières dans la région de Soyo. Le gouvernement aurait donné à ces hommes la nationalité angolaise pour contourner la législation et les dispositions du Protocole de Lusaka qui interdisent ce genre de pratique [161] .

En octobre 1996, l'Unita a estimé le nombre de mercenaires sud-africains entre 4.000 à 5.000. Pour le secrétaire aux Affaires Etrangères du mouvement de Savimbi, la présence de ces hommes dans les forces armées angolaises "ne favorise pas le processus de paix [162] ".

Officiellement, l'Afrique du Sud ne désire jouer aucun rôle dans le règlement du conflit en Angola. Le poids de ses interventions passées est un obstacle dont les responsables politiques ont saisi l'importance. Cependant, le leader de l'ANC se positionne comme l'homme qui peut apporter une solution à l'enlisement du processus de paix.

Au cours de l'année 1996, Dos Santos et Savimbi ont cherché à obtenir de lui la caution morale qui peut les servir. N. Mandela a cru pouvoir jouer un rôle décisif dans le déblocage de la situation. Cependant, son action repose uniquement sur le capital de confiance qu'il a obtenu lors de son combat contre le régime de l'apartheid. Son pouvoir est limité par sa fonction de président de la République Sud-Africaine.

N. Mandela a aussi voulu jouer le rôle de médiateur lors des événements de la région des Grands Lacs. Mais les pays de la région n'ont pas accédé à sa demande. En Afrique australe, sa démarche renvoyait à d'autres logiques :

Ø Nelson Mandela

Le jeu entre Dos Santos et Savimbi est difficile à tenir longtemps quand il faut jouer sur deux tableaux aussi différents. Par ailleurs, N. Mandela ne peut pas oublier très longtemps que, quelles que soient ses motivations, il reste aux yeux de l'opinion publique le président de l'Afrique du Sud et par conséquent, ses actions se trouvent finalement interprétées comme étant celles du gouvernement sud-africain.

Il a pu utiliser à son profit son capital "symbolique" en se mettant en avant, si ce n'est sur la scène internationale, du moins sur la scène régionale. L'extension de son champ d'action au-delà des limites de l'Afrique australe lui a montré que le respect qu'il inspire ne justifie aucune autre intervention, même de bons offices.

La jalousie des chefs d'Etat de la région, la crainte de la domination sud-africaine les a poussés à intervenir eux aussi. Non pas isolément, mais dans le cadre de la SADC.

Ø Angola (gouvernement et Unita)

N. Mandela semble pouvoir obtenir de Savimbi ce que le pouvoir de Luanda n'arrive pas à obtenir. Le leader de l'Unita fait preuve de beaucoup de sens tactique en acceptant à plusieurs reprises de rencontrer le président ou le vice-président sud-africain alors qu'il refuse constamment de rencontrer Dos Santos à Luanda sous le prétexte (justifié dans une certaine mesure) que sa sécurité n'est pas assurée.

Les signes d'ouverture sont donnés à l'extérieur du territoire de l'Angola. Quelle valeur donner à des promesses qu'il est facilement possible de contester une fois revenu en Angola ?

Les acteurs du conflit se tournent vers N. Mandela car leurs soutiens passés sont en difficulté dans leur propre pays : Mobutu devait faire face aux forces rebelles de Laurent Désiré Kabila, Pascal Lissouba commençait aussi à subir les assauts de l'opposition.

Les démarches entreprises par les uns et les autres sont-elles guidées uniquement par le pragmatisme et par les bénéfices qu'ils peuvent en attendre ? Les événements récents incitent à le croire : la mise en place rapide du nouveau gouvernement avec le sentiment que Savimbi a fait traîner les choses pour se ressaisir politiquement ou militairement, que Dos Santos a accepté finalement les exigences de l'Unita pour faire taire les envies de guerre de l'aile dure du MPLA.

2-. Les initiatives collectives : l'impulsion de la SADC

Les dirigeants de la région ne veulent pas rester à l'écart des efforts de médiation entrepris par N. Mandela. La région, forte de ses nouvelles ambitions, a aussi tenté d'apporter son soutien à la conclusion de la paix en Angola.

La SADC et l'organe chargé des problèmes de sécurité et de défense, ont servi de cadre légal pour la prise de position des gouvernements de la région en faveur de la paix en Angola. Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la SADC à Luanda, le 2 octobre 1996, est le premier du genre. Cette réunion est proposée lors de la réunion de la Communauté à Maseru (Lesotho) le 24 août 1996 afin de montrer le soutien que l'Afrique australe est prête à accorder à l'Angola.

Lors de cette journée, une rencontre entre Dos Santos et Savimbi est prévue. Cependant, ce dernier, réitérant ses inquiétudes quant à sa sécurité dans la capitale angolaise, ne s'est pas déplacé, montrant ainsi son désintérêt pour cette réunion dont le caractère est tout à fait exceptionnel et qui constitue un signe de bonne volonté de la part des pays de la région. Le président du Zimbabwe, R. Mugabe, précise ainsi sa position et celle des autres membres de la SADC [163]  :

"We of SADC would want to see the process of peace in Angola proceed much more rapidly than it has been and so our expectation is that we will briefed first by President Dos Santos and others on how the peace process is progressing or not progressing, and why.

We will look at it and together we will try and find a way of accelerating the process, so there is greater peace and stability in Angola. [164] "

A l'issue du sommet, les pays de la SADC demandent que la communauté internationale aide matériellement l'opération de démobilisation de plus de 100.000 hommes. Pour eux, il est urgent que le président angolais rencontre rapidement Savimbi afin de régler les problèmes militaires et politiques en suspens. L'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix doit forcer le chef de l'Unita à revoir sa position et à adopter une attitude moins rigide vis-à-vis de Luanda.

S'il le faut, de nouvelles mesures devront être prises contre l'Unita. Le ministre des Affaires Etrangères du Botswana demande que tout doit être fait pour exiger de Savimbi qu'il respecte les engagements qu'il a pris à Lusaka en 1994 [165] . Le président zambien, Frederick Chiluba, s'est déclaré très déçu de l'absence de l'Unita au sommet à un moment important du processus de paix.

Cette intervention, au grand jour, des pays de la région est bien effectivement la première dans son genre. Pourtant, cela ne veut pas dire que rien n'a été fait dans le passé. Lors de négociations de paix à Lusaka, des pressions en faveur de la paix se sont aussi exercées par l'intermédiaire de la Front-Line States qui a fortement encouragé les deux parties à accepter un compromis nécessaire à la région.

La question est de savoir si les pays de la région disposent du poids nécessaire pour faire pencher la balance du côté de la paix en Angola. Il s'agit de voir si le changement d'environnement régional est / sera bénéfique au processus de paix.

Pris isolément, aucun acteur régional n'a les moyens de soumettre Savimbi ou de donner des garanties suffisantes à Luanda pour parvenir à un compromis. Ils ont compris que l'action collective est plus porteuse que l'action individuelle, l'échec de N. Mandela en est l'exemple. La communauté des Etats d'Afrique australe depuis 1994, en se dotant d'un organe de sécurité, possède le cadre d'une action qui ne se situe plus dans l'unique domaine de l'économique. Cependant, une double limite, sur la forme et sur le fond, est venue contraindre leurs intentions :

- la relative jeunesse d'institutions qui ne jouissent pas encore d'une renommée assez grande pour avoir l'autorité nécessaire et suffisante pour imposer la paix ;

- les divergences restent grandes entre les pays de la région. Il faut mentionner le désir du Zimbabwe comme de la Zambie de se positionner aussi comme pourvoyeurs de paix.

L'Angola n'a pas pu réellement percevoir les dividendes du renouveau politique de l'Afrique australe. Les deux processus - institutionnalisation des questions de sécurité et de défense et conclusion du processus de paix - sont parallèles. Si des liens étroits existent entre les deux du fait de leur proximité temporelle et géographique, leurs portées sont trop importantes pour qu'il puisse y avoir des relations qui ne soient autre chose que la conséquence des intérêts du moment :

- pour la SADC, montrer qu'une action collective, concertée est possible si la stabilité régionale est en cause ;

- pour l'Angola, obtenir un soutien moral utile après l'"abandon" de la communauté internationale.

D'un environnement géopolitique élargi, un recentrage a lieu dans un environnement régional restreint. Par ailleurs, l'inscription du conflit angolais dans un contexte régional unique n'est pas complètement achevée.

La communauté internationale a encore beaucoup d'intérêts en Angola malgré ce qu'elle dit. Les liens subsistent en raison de l'ancienneté du conflit, des intérêts en jeu qui restent un argument puissant. La résolution du conflit angolais procède donc d'un triple handicap :

- un environnement géopolitique ancien mais encore présent ;

- un environnement géopolitique régional nouveau mais trop jeune pour être efficace ;

- un environnement géopolitique régional étendu en pleine recomposition.

Le niveau d'implication des différents pays de la région en Angola peut se voir à leurs contributions financières et humaines à l'Unavem III. En 1996, les participations à l'Unavem III sont [166]  :

- Zimbabwe : commandement des forces militaires depuis octobre 1995 (Général P. Valerio Sibanda), observateurs militaires, police civile depuis février 1995, troupes depuis mai 1995 ;

- Namibie : troupes depuis novembre 1995 ;

- Tanzanie : police civile depuis août 1995 ;

- Zambie : observateurs militaires, police civile depuis mars 1995, troupes depuis juillet 1995.

Les participations de ces pays peuvent être rapprochées aux forces armées (armée de terre) de chaque pays de la SADC [167] (sauf l'Angola), tout en sachant que :

- En novembre 1994, l'Unita a refusé que des soldats sud-africains participent à la mission d'observation des Nations Unies.

- Il n'est pas possible pour le Mozambique de s'impliquer en Angola même par l'intermédiaire d'une mission de maintien de la paix des Nations Unies.

Les forces présentes en Angola sont représentatives de l'équilibre des forces armées dans la région.

Le choix du multilatéralisme en Afrique australe, avec le retour au premier plan de la SADC, exprime un projet politique qui repose sur l'indivisibilité de l'espace et des problèmes et qui permet d'y répondre de manière coordonnée [168] . Les pays qui ont fait ce choix optent pour la collaboration plutôt que pour l'isolement. Par conséquent, la solution à un problème sera toujours une solution négociée, relevant d'une culture du consensus, caractéristique propre aux organisations collectives. De par sa nature, toute décision collective impose des contraintes qui sont les règles du jeu.

Le processus décisionnel est important et complexe. Il doit tenir compte du respect de l'égalité souveraine des Etats tant en sachant que "la prise de décision... oscille le plus souvent entre la prédominance majoritaire et la coalition hégémonique [169] ". Cela introduit inévitablement la recherche du compromis sur les moyens et les finalités attribués à la décision. La SADC, organisation multilatérale, ne fait pas l'économie de ce principe. A propos de l'Angola, le compromis semble avoir été atteint autant sur les moyens d'agir que sur la finalité de l'action : apporter un soutien diplomatique actif au processus de paix.

Une fois la décision prise et officialisée, à savoir "sécuriser économiquement et politiquement" la région et imposer définitivement la paix en Angola, il est bon d'en évaluer la portée et les limites. Il est difficile de prévoir l'efficience / l'efficacité des actions prises collectivement car deux faits doivent rester à l'esprit :

- Les jeux de puissance à l'intérieur du groupe ; plus le groupe est large, plus ils sont importants.

- La disposition géographique des uns par rapport aux autres qui conditionne ces jeux de puissance.

Il nous est alors possible de distinguer 3 groupes d'Etat au sein de la SADC :

a. Afrique du Sud, Angola, Botswana, Mozambique, Zambie, Zimbabwe qui constituent / constitueront le groupe prédominant ;

b. Lesotho, Malawi, Namibie, Swaziland dépendants du point de vue économique et géographique du premier groupe ;

c. Tanzanie, Maurice handicapés par la distance géographique qui les sépare du reste du groupe.

L'espoir peut venir du fait que toutes les initiatives précédemment citées sont celles de pays appartenant au premier groupe et donc ont l'autorité nécessaire pour être efficaces.


CONCLUSION

Notre objectif était de répondre aux questions suivantes : quel rôle l'Afrique australe (et plus particulièrement la SADC) a joué dans l'application du Protocole de Lusaka ? Quelles ont été les initiatives diplomatiques de la région en faveur d'une solution pacifique en Angola, quels intérêts les animaient et pour quel résultat ?

La première constatation que nous ferons est de dire que la mise en place de la paix en Angola a échappé à la région rassemblée autour de la SADC. Mais la constitution d'un nouveau gouvernement ne suffit pas pour prétendre que la guerre est finie et la paix enfin là : "l'Angola n'est plus en guerre mais loin d'être en paix [170] ". Ce propos peut être interprété de différentes façons : sur le terrain, la situation a évolué mais elle reste indéfinissable. Est-elle préférable à la guerre où les positions de chacun sont clairement définies ? Est-elle une voie sans issue ?

Avant d'apporter une réponse à ces questions, nous pouvons constater trois faits qui sont autant de limites à l'établissement d'une paix certaine.

Des institutions régionales "trop jeunes"

Le renouveau institutionnel de la SADC (mise en place d'un organe en charge des questions de politique et de sécurité) date de 1994. Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la SADC a lieu à Luanda en octobre 1996. L'intérêt que les pays de la région manifestent pour l'Angola ne suffit pas à résoudre un conflit dont les origines remontent à la décolonisation. L'organe dont ils sont les représentants n'a pas encore l'autorité nécessaire pour devenir le forum au sein duquel les voix en faveur de la paix pourraient s'exprimer. Les soutiens sont encore trop l'affaire de personnes. Si son prédécesseur, la Front-Line States, a pu avoir quelque succès lors des négociations de paix à Lusaka, cette réussite doit être replacée dans le cadre politique de l'apartheid sévissant alors en Afrique du Sud.

L'échec de la médiation de l'Afrique du Sud

A partir de 1995, Nelson Mandela a tenté de s'imposer comme médiateur entre Dos Santos et Savimbi, entre le gouvernement angolais et l'Unita. Son combat passé et les récentes élections sud-africaines peuvent légitimer, dans une certaine mesure, son intervention. Il montre qu'une réconciliation pacifique est possible entre des ennemis jugés irréconciliables. Mais N. Mandela a pu jouer ce rôle tant que Dos Santos et Savimbi en attendaient des bénéfices. Leur rencontre avec l'homme le plus emblématique de ces dernières années les montrait d'une autre façon à l'opinion publique. Pourtant, son influence a été réduite comparée à ses espérances. Il n'a pas été l'homme de la situation. Seul un homme de terrain peut espérer jouer des ambivalences des uns et des autres. A. Blondin Beye a réussi à maintenir, autant qu'il a pu, le statu-quo entre les deux parties, et cela au seul profit de la paix.

La paix est-elle une paix "voulue" ?

Lorsque le gouvernement a été constitué, nous pensions que le désir de paix était plus fort que le désir de guerre. Les concessions que Luanda avait acceptées de faire, pouvaient mettre un terme, plus ou moins définitivement, aux revirements de J. Savimbi. Nous espérions que ce dernier avait opté résolument pour la paix. Les derniers événements [171] risquent de mettre à mal cette opinion. Le retour à la guerre serait possible. Les ambitions de l'ex-mouvement rebelle semblent être restées intactes. Comment, dans ce climat de méfiance, reconstruire un pays totalement ruiné par 20 ans de guerre ? Cette situation entre paix et guerre est manifestement néfaste pour l'Angola.

Si, sur la courte période, la région reste encore limitée au niveau des moyens, nous pensons que le règlement définitif de la question angolaise s'inscrira durablement dans l'espace géopolitique de l'Afrique australe.

Les Etats de la région ont un intérêt réel, en commun avec l'Angola, pour la paix. Celle-ci sera profitable à l'ensemble des pays. Les 11 membres de la SADC doivent adopter une attitude plus offensive sur le plan diplomatique et, pourquoi pas, collaborer activement avec les Nations Unies [172] , en redéfinissant le mandat de sa mission.


ANNEXES

Annexe 1-. Fiche d’identité

Données générales

Ø Superficie : 1.246.700 km²

Ø Population : 11.000.000 habitants (estimation 1995) ; 16.000.000 habitants (estimation 2010)

Ø Densité : 9 hab./km²

Ø Taux de croissance démographique : 2,8 % (moyenne annuelle 1995-2010)

Ø Population urbaine : 32 % (1995)

Ø Taux de mortalité infantile : 124 ‰ ; avant 5 ans : 209 ‰

Ø Espérance de vie à la naissance : 45 ans (hommes) ; 48 ans (femmes)

Ø PNB par habitant : 410 $ (1995)

Ø PNB par habitant indexé au pouvoir d'achat : 1.310 $

Ø PIB : 3,722 milliards de $ (1995)

Ø Taux de croissance du PIB : - 4,1 % (moyenne annuelle 1990 - 95)

Ø Exportations de marchandises : 3.508 milliards de $ (1995)

Ø Importations de marchandises : 1.748 milliards de $ (1995)

Ø Dette extérieure totale : 11,482 milliards de $ (1995)

Source : Banque Mondiale.

L'industrie pétrolière

L'industrie pétrolière concerne à elle seule 95 % des recettes d'exportation et 80% des revenus de l'Etat en 1995. L'Angola possède 3 % des réserves mondiales de brut et assurait en 1995 5,5 % de l'approvisionnement mondial. Figurant au 23ème rang mondial, il est le second producteur en Afrique sub-saharienne, derrière le Nigeria. La société nationale Sonangol a été créée en 1979 afin de conclure des accords d'exploitation avec des sociétés étrangères (dont Elf à partir de 1980).

Source : Marchés Tropicaux, avril 1997.

Annexe 2-. Démobilisation et intégration

Listes des centres spéciaux de l'Unita

Biongue

Bonga

Cangola

Jamba

Kavaleka

Mavinga

Listes des centres de sélection et de démobilisation (zones de cantonnement)

Andulo

Caiundo

Catala

Chicuma

Chitembo

Licua

Londuimbali

Lumeje

Muxinda

N'Gove

N'Tuco

Negage

Quibala

Quibaxe-Piri (+ Boa Vista)

Vila Nova

Source : Rapports du Département des Affaires Humanitaires des Nations Unies.


Annexe 2 bis-. Estimation des effectifs cantonnés au 6/05/1997

FMU (forces militaires de l'Unita) - troupes enregistrées

66.016

UNITA - police

5.039

Personnel des FMU

115.872

Personnel de la police – UNITA

8.241

Troupes présentes dans les centres de cantonnement et de sélection.

23.755

Police présente dans les centres de cantonnement et de sélection - UNITA

3.392

Troupes sélectionnées pour intégrer les FAA

19.130

Troupes intégrant les FAA

10.995

Police sélectionnée pour intégrer la police nationale angolaise

578

Source : DHA, 21/05/97.


Annexe 3-. Nombre de violations du cessez-le-feu en 1995

au 31

03/95

04/95

05-06/95

07/95

08/95

09/95

10/95

11/95

total

 

235

129

137

110

95

52

77

71

1500

Source : Rapports du Secrétaire Général des Nations Unies.


Annexe 4-. Organigramme de la SADC

Source : The South African Development Community, South African Communication Service, octobre 1995.

Annexe 4 bis-. Répartition par pays des activités

Afrique du Sud

®

Finances et Investissement

Angola

®

Energie

Botswana

®

Recherche et formation agricole – Production animale et contrôle vétérinaire

Lesotho

®

Tourisme – Environnement et gestion des terres

Malawi

®

Pêche, activités forestières

Maurice

®

(admis en août 1995)

Mozambique

®

Culture et information – Transport et communications

Namibie

®

Pêche et ressources maritimes

Swaziland

®

Développement humain

Tanzanie

®

Commerce et industrie

Zambie

®

Mines – Travail et emploi

Zimbabwe

®

Agriculture et ressources naturelles

Source : The South African Development Community, South African Communication Service, octobre 1995.


Annexe 5-. Fiche d'identité des membres de la SADC

ZAMBIE

Auparavant Rhodésie du Nord, la Zambie est indépendante en 1964. Le gouvernement de Kenneth Kaunda reste au pouvoir jusqu'en octobre 1991, date des premières élections multipartites. Le leader du Movement for Multiparty Democracy, Frederik Chiluba, devient le nouveau président avec 76 % des voix. Ce vote reflète la lassitude de la population vis-à-vis de la classe politique qui n'a pas réussi à inverser la crise économique qui a touché le pays au début des années 70 avec la chute du prix du cuivre, source de revenus principale du pays. Mais les changements politiques n'ont pas eu de répercussions sur la situation économique du pays qui reste un des pays les plus endettés du continent africain. F. Chiluba a relancé les relations diplomatiques avec l'Afrique du Sud alors que jusqu'en 1990, l'ANC avait ses quartiers généraux à Lusaka.

MALAWI

Pendant près de 30 ans, ce petit Etat enclavé au centre de l'Afrique australe a connu plusieurs décennies de pouvoir unique et autoritaire, anticommuniste, avec Hastings Kamuzu Banda du Malawi Congress Party, président à vie autoproclamé. La fin de la Guerre Froide a isolé le pays. Désavoué par la communauté internationale pour son autoritarisme, Banda organise la tenue d'un référendum sur le multipartisme en 1993. Les premières élections libres ont lieu en mai 1994. Bakili Muluzi, leader de l'United Democratic Front, devient président et remporte la majorité au Parlement. Le Malawi est l'un des pays les plus pauvres et dépend presque exclusivement de l'aide extérieure.

TANZANIE

La transition démocratique s'est faite très lentement. Les critiques contre le gouvernement sont venues de Julius Nyerere, l'ancien président qui a dirigé la pays de 1961, date de l'indépendance, à 1985, époque à laquelle il se retire volontairement. Le gouvernement de son successeur, Ali Hassan Mwinyi, du Chama cha Mapinduzi, a entamé un processus de libéralisation politique et économique qui a abouti à de nouvelles élections en octobre 1995. Benjamin Mkapa lui succède en novembre grâce au soutien de l'ancien parti unique. Ce pays est soumis à de nombreuses tensions religieuses et raciales. C'est le cas à Zanzibar, où les revendications autonomistes remettent en cause régulièrement l'union scellée en 1964 entre le Tanganyika et Zanzibar.

ZIMBABWE

Depuis 1980, date de l'indépendance, Robert Mugabe, leader du Zimbabwe African National Union - Patriotic Front, est à la tête du pays. Cette constance s'explique par les modalités constitutionnelles particulières : sur 150 sièges au Parlement, 30 sont pourvus directement par le président, le gouvernement contrôle la majorité des médias, le ZANU-PF est le seul parti à bénéficier d'un financement du gouvernement. Mais le pays connaît depuis quelques années de graves difficultés économiques que le gouvernement doit combattre s'il veut continuer à se maintenir au pouvoir. L'expropriation des fermiers blancs (4.000 fermiers sur 11,2 millions d'hectares) est le problème majeur pour lequel une solution doit être trouvée pour satisfaire les paysans noirs (un million de familles sur 16,3 millions d'hectares). Robert Mugabe a été rélu en mars 1996.

BOTSWANA

Modèle de stabilité politique, depuis 1966, le Botswana Democratic Party a régulièrement remporté les élections. Ce succès est dû au consensus national qui s'est établi entre la classe politique et le reste de la population. Mais la récession économique récente a quelque peu remis en cause la politique menée par Ketumile Masire qui doit faire face à la montée d'une opposition de plus en plus plébiscitée. Des liens étroits unissent Masire et Mandela. Avec Mugabe, ils sont intervenus avec succès dans la crise du Lesotho en 1994.

LESOTHO

Le Lesotho est un petit Etat montagneux enclavé dans la République d'Afrique du Sud. Depuis en 1966, il est en proie à l'instabilité politique. Après les coups d'Etat militaires de 1988 et 1991, et l'intervention des pays voisins en janvier 1995, le roi Moshoeshoe II réintègre son trône. Le pays est devenu une monarchie constitutionnelle où le pouvoir est aux mains d'un unique parti, le Basuto Congress Party. En février 1996, Letsie II succède à son père. Le débat reste d'actualité sur l'avenir de la monarchie et sur l'existence du pays comme entité indépendante.

SWAZILAND

Pour le roi, Mswati III, le multipartisme est un facteur de divisions et une source de troubles. Le système électoral utilisé, le Tinkhundla, reste un système fermé où l'opposition ne peut pas s'exprimer. Son évolution vers un système politique plus démocratique semble être nécessaire dans les années à venir. Le mécontentement s'est accru avec les mauvais résultats économiques et les effets de la sécheresse.

MAURICE

Indépendante en 1968, l'île est devenue une république en 1992 avec un président élu par le Parlement, Veerasamy Ringadoo. Grâce à l'alliance entre le Mouvement Militant Mauricien, créé par Paul Bérenger en 1969 et le Mouvement Socialiste Militant de Sir Anerood Jugnauth, la monarchie a été abolie. Peu de temps après son élection, le premier président de la République, hindou, a été remplacé par Cassam Uteem, un musulman, afin de donner un gage de confiance à la communauté musulmane. Le nouveau gouvernement élu en 1995 permettra de trouver de nouvelles opportunités de développement pour la zone franche.

NAMIBIE

Après 25 ans de lutte contre l'administration illégale du territoire par l'Afrique du Sud, les élections de novembre 1989 ont amené la SWAPO au pouvoir, avec à sa tête, Sam Nujoma, élu président en février 1990 et réélu en 1994. Mais le gouvernement doit faire face aux défis économiques importants dans un pays où la pauvreté touche la majorité de la population face à la communauté blanche, réticente à s'ouvrir. Le problèmes de la redistribution des terres agricoles pousse l'Etat à racheter des terres qui lui appartiennent. En 1994, Walvis Bay est retournée sous la souveraineté de la Namibie.

MOZAMBIQUE

Le Mozambique accède à l'indépendance en 1975 après une guerre de libération de 11 ans qui a opposé le Frente de Libertação de Moçambique au Portugal. Le gouvernement mis en place par le Frelimo est confronté à une guerre de déstabilisation menée par la Resistencia Nacional Moçambicana qui a duré plus de 15 ans. La politique marxiste du Frelimo, le régime autoritaire ont ruiné l'économie du pays. La guerre a tué un million de personnes, déplacé plus de 5 millions de Mozambicains et obligé près de 2 millions d'autres à se réfugier dans les pays voisins. La fin de la Guerre Froide et la présidence modérée De Klerk en Afrique du Sud ont permis au pays de mettre un terme à la guerre et un accord de paix est signé en octobre 1992.

Les élections d'octobre 1994 ont permis l'élection du président sortant, Joachim Chissano. Le Frelimo a réalisé un score de 44,33 % contre 37,78 % pour la Renamo, qui obtient un résultat relativement élevé. La reconstruction économique du pays est la priorité.


Annexe 5 bis-. SADC : indicateurs économiques

SADC regroupe 12 pays représentant 130 millions d'habitants. Le PNB total est égal à la moitié de celui de l'ensemble de l'Afrique Noire.

 

PNB / habitant $

population

Afrique du Sud

3.885

41.240.000

Angola

751 [173]

11.072.000 [174]

Botswana

5.320

1.420.000

Lesotho

1.720

2.050.000

Malawi

600

9.790.000

Mauritius

13.130

1.117.000

Mozambique

550

16.004.000

Namibie

3.950

1.540.000

Swaziland

2.880

910.000

Tanzanie

630

29.685.000

Zambie

1.000

9.370.000

Zimbabwe

2.040

11.530.000

Source : L'Etat du Monde 1997, Annuaire économique et géopolitique mondial, Paris, La Découverte, 1996, 697.

Annexe 5 ter-. Effectifs militaires des pays de la SADC

Afrique du Sud

118.000

Zimbabwe

41.000

Tanzanie

30.000

Mozambique

30.000

Zambie

20.000

Namibie

8.000

Malawi

7.800

Botswana

7.000

Lesotho

2.000

Swaziland

non disponible

Maurice

[175]

Source : L'Etat du Monde 1997, Annuaire économique et géopolitique mondial, Paris, La Découverte, 1996, 697.


Annexe 6-. Résolutions du Conseil de Sécurité

1994

1995

1996

1997

903, 16/03

922, 31/05

932, 30/06

945, 29/09

952, 27/10

966, 08/12

976, 08/02

1008, 07/08

1045, 09/02

1055, 08/05

1064, 11/07

1075, 11/10

1087, 11/12

1098, 27/02

1102, 31/03

1106, 16/04



[1] Pourparlers de paix impliquant le MPLA et l'UNITA : médiation de Gbadolite (1989), accords de Bicesse (Portugal), mai 1991 ; protocole de Lusaka (Zambie), novembre 1994.

[2] Les troupes sud-africaines sont intervenues en octobre 1975 ; les troupes cubaines en novembre 1975. Les Etats Unis et l'URSS ne sont jamais intervenus "officiellement".

[3] En décembre 1988, le rapatriement des troupes sud-africaines et cubaines est fixé au plus tard au 1er juillet 1991.

[4] UNITA : União Nacional para a Independência Total de Angola - Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola.

[5] "Accords de paix."

[6] MPLA : Movimento Popular de Libertação de Angola - Mouvement Populaire de Libération de l'Angola.

[7] Messiant Christine, "Angola : le retour à la guerre ou l'inavouable faillite d'une intervention internationale", L'Afrique politique, vue sur la démocratisation à marée basse, Paris, Karthala, CEAN, 1994, 314, 199-229, p. 210.

[8] Ibid, p.209.

[9] Ibid, p.212.

[10] Pressions des Etats Unis sur l'Unita pour poursuivre le processus de paix.

[11] Résolution 851 du Conseil de Sécurité, New York, Nations Unies, 14 juillet 1993.

[12] Jusqu'en mai 1993, date de la reconnaissance du gouvernement de Luanda, les Etats Unis ont soutenu l'Unita contre le régime pro-marxiste du MPLA.

[13] Rapport du Secrétaire Général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM II), New York, Nations Unies, 14 décembre 1993.

[14] Mission de vérification des Nations Unies en Angola : UNAVEM I, résolution 626 (1988) ; UNAVEM II, résolution 696 (1991) ; UNAVEM III, résolution 976 (1995).

[15] Rapport du Secrétaire Général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM II), New York, Nations Unies, 14 décembre 1993.

[16] Théorie développée par Thomas C. Schelling, Strategy of Conflict, 1959.

[17] CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale créée en 1983.

[18] Protocole de Lusaka. Lettre du représentant permanent de l'Angola auprès des Nations Unies adressée au président du Conseil de Sécurité, Annexe 2, New York, Nations Unies, 9 décembre 1994, p. 108.

[19] "Prendre la décision finale sur de possibles violations... des accords, mettre en place les étapes nécessaires pour établir l'identité des agresseurs et prendre la décision finale pour adresser les sanctions en rapport avec les violations."

[20] voir note 1.

[21] "Quand la Commission Conjointe est informée que les dispositions des "Accords de paix pour l'Angola" (Bicesse) ont été appliquées dans leur totalité, elle décidera sa dissolution par une décision prise en son sein."

[22] voir note 1.

[23] "La Commission Conjointe prendra ses décisions par consensus".

[24] voir note 1.

[25] "En ce qui concerne la position du président :

- l'Organisation des Nations Unies. Le représentant spécial du Secrétaire Général en Angola assumera des fonctions de bons offices et de médiation."

[26] Alioune Blondin Beye (Mali) a succédé à Margaret Joan Anstee (Grande-Bretagne) en juin 1993, nommée en février 1992.

[27] Protocole de Lusaka. Lettre du représentant permanent de l'Angola auprès des Nations Unies adressée au président du Conseil de Sécurité, Annexe 2, 9 décembre 1994, Naw York, Nations Unies, p. 87 et p. 90.

[28] UNAVEM III : Mission de Vérification des Nations Unies en Angola, depuis février 1995 (résolution 976 du Conseil de Sécurité).

[29] Voir tableau en annexe sur les différents documents des Nation Unies entre 1994 et 1997.

[30] Résolutions 1008 du 7 août 1995 (prolongation jusqu'au 8 février 1996), 1045 du 8 février 1996 (prolongation jusqu'au 8 mars 1996), 1055 du 8 mars 1996 (prolongation jusqu'au 11 juillet 1996), 1064 du 11 juillet 1996 (prolongation jusqu'au 11 octobre 1996), 1075 du 11 octobre 1996 (prolongation jusqu'au 11 décembre 1996), 1087 du 11 décembre 1996 (prolongation jusqu'ai 28 février 1997), 1098 du 27 février 1997 (prolongation jusqu'au 31 mars 1997), 1102 du 31 mars 1997 (prolongation jusqu'au 16 avril 1997), 1106 du 16 avril 1997 (prolongation jusqu'au 30 juin 1997).

[31] Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur la situation en Angola, 30 avril 1996, New York, Nations Unies.

[32] Ibid.

[33] Ibid.

[34] Ibid.

[35] Des ONG travaillent dans les sites de cantonnement distribuant de la nourriture et des vêtements aux soldats démobilisés. Ils sont ensuite transportés dans leur village.

[36] Depuis octobre 1992, 300.000 Angolais ont été tués à la suite de la reprise des combats (soit près de 3% de la population)

Cf. Vines Alex, "Angola between War and Peace - Arms Trade and Human Rights Abuses since the Lusaka Protocol", Human Rights Watch Arms Project, Human Right Watch/Africa, New York, février 1996, vol.8, n.1 (A), 44, p. 2.

[37] Voir note 1, p.91-92.

[38] Voir note 1, p.90.

[39] "La sélection, l'incorporation et la répartition des forces militaires de l'Unita dans les FAA commencera après le cantonnement total des forces militaires de l'Unita."

[40] Voir note 1, p. 90.

[41] "Les militaires en surnombre, d'après les accords conclus entre le gouvernement angolais et l'Unita seront démobilisés et intégrés dans la société civile, grâce à un programme national de réintégration établi par le gouvernement de la République d'Angola avec la participation de l'Unita et l'assistance de la communauté internationale."

[42] Encourager les ex-soldats à rentrer dans leur village, les faire participer à la reconstruction des écoles, des hôpitaux, mettre en place des programmes de réinsertion professionnelle, leur donner de nouvelles opportunités.

[43] Le Monde, 16 février 1995.

[44] "Seule la défaite totale de Savimbi peut assurer la paix... du point de vue strictement militaire [le Protocole de Lusaka] était une erreur."

[45] Vines Alex, "Angola between War and Peace - Arms Trade and Human Rights Abuses since the Lusaka Protocol"Human Rights Watch Arms Project, Human Right Watch / Africa, New York, février 1996, vol.8, n.1 (A), 44, p. 9.

22 Ibid.

[47] Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur l'Unavem III, 9 mars 1995, New York, Nations Unies.

[48] Mercenaires de la société sud-africaine Executive Outcomes.

[49] Angola Peace Monitor, 29 janvier 1996.

[50] Voir graphique en annexe.

[51] Voir note 19, p. 8.

[52] Les 2 et 3 février 1995.

[53] Rapport du Secrétaire Général sur la situation en Angola, New York, Nations Unies, 1995.

[54] Les Etats Unis et l'URSS s'engagent par cette clause à ne plus fournir d'armement et de matériel de guerre à l'Unita et encouragent les autres pays à adopter la même attitude.

29 "Demande au gouvernement d'Angola et à l'Unita, pendant la présence de l'Unavem III en Angola, de cesser toutes acquisitions d'armes et de matériel de guerre."

[56] Voir note 19, p. 13-17.

[57] Voir note 1, p. 88.

[58] "Les forces militaires doivent être approvisionnées en nourriture et médicaments sous la vérification et la contrôle des Nations Unies. Ils ne doivent recevoir aucun équipement militaire, mortel ou autre."

[59] Voir note 1, p. 64.

[60] "Le cessez-le-feu oblige la République d'Angola et l'Unita de ne plus acquérir de matériel mortel. Les Etats Unis et l'URSS informent le gouvernement de la République d'Angola qu'ils soutiendront l'implantation du cessez-le-feu en cessant toutes fournitures de matériel de guerre à aucune des parties angolaises et encouragent les autres pays à agir de même."

[61] "Par des points d'entrée désignés dont la liste sera communiquée par le gouvernement de l'Angola au Secrétaire Général qui en avisera les Etats membres des Nations Unies."

[62] "Réaffirme l'obligation que tous les Etats membres ont l'obligation d'appliquer intégralement les dispositions du paragraphe 19 de la résolution 864 (1993) et demande au gouvernement de l'Angola et à l'Unita, tant que l'Unavem III demeurera en Angola, de cesser toute acquisition d'armes et de matériel de guerre comme convenu dans les "Accords de paix" et de consacrer plutôt leurs ressources à satisfaire les besoins humanitaires et sociaux prioritaires."

[63] Voir note 19, p 13-17.

[64] Ibid.

[65] Voir note 19, p. 9 et p. 15-16.

[66] 11 mars 1997, AFP.

[67] Les forces de l'Unita sont estimées entre 63.000 et 70.000 hommes. Seuls 18.000 soldats ont été sélectionnés.

[68] Voir l'étude de Fabrice Weissman sur l'instrumentalisation de l'aide humanitaire au Libéria dans "Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales", Relations internationales et stratégiques, automne 96, n.23, p. 82-87.

[69] 12 décembre 1996, AFP.

[70] Protocole de Lusaka. Lettre du représentant permanent de l'Angola auprès des Nations Unies adressée au président du Conseil de Sécurité, Annexe 2, 9 décembre 1994, New York, Nations Unies, p.95-96.

[71] "II. Principes spécifiques :

6.... prenant compte de sa position de président du plus grand parti d'opposition, un statut spécial sera garanti au président de l'Unita.

7. Dans le contexte de la réconciliation nationale, les 70 députés élus sur les listes de l'Unita aux élections législatives de septembre 1992 seront installés dans leur fonction à l'Assemblée Nationale.

Les premiers députés élus sur les listes de l'Unita, ceux ayant déjà assumé leur fonction et ceux qui ne l'ont pas encore fait constitueront le groupe parlementaire de l'Unita.

Les députés du groupe parlementaire de l'Unita seront désignés par la direction du parti et ceux dont les fonctions ne leur permettent plus de remplir leur fonction de députés seront remplacés.

8. Un accord de sécurité, conclu entre le gouvernement et l'Unita, garantira un statut spécial, si nécessaire, aux dirigeants de l'Unita qui ne bénéficient pas déjà d'un statut spécial pour leur sécurité, selon les termes de la loi et les dispositions du Protocole de Lusaka.

III. Modalités :

7.... l'administration de l'Etat sera normalisée dans [les zones contrôlées par l'Unita].

... la nomination des membres de l'Unita aux postes de l'administration au niveau provincial, municipal et communal se fera par accord entre le gouvernement et l'Unita.

8.... idem pour les fonctions occupées par l'Unita dans l'administration centrale et dans les missions diplomatiques à l'étranger.

10.... l'Unita devra adresser une lettre au gouvernement 45 jours après la signature du Protocole indiquant les noms et les postes respectifs de ses dirigeants."

[72] Voir note 2, p. 101.

[73] "L'acceptation, dès leur entrée en fonction, de respecter le programme du gouvernement établi par le Conseil des Ministres et de respecter les lois en vigueur en République d'Angola."

[74] Marchés Tropicaux, 9 février 1997, "Vers un renouveau de l'influence russe", Mario Sampio.

[75] Le Monde, 16 octobre 1996, "L'Angola n'est plus en guerre mais loin d'être en paix", Frédéric Chambon.

[76] Voir note 2,p. 95.

  [77] "Tenant compte de sa position de président du plus grand parti d'opposition, un statut spécial sera garanti au président de l'Unita."

[78] 23 janvier 1997, AFP.

[79] 16 février 1997, AFP.

[80] DHA, Humanitarian Assistance in Angola, (1er avril-6 mai 1997), 21 mai 1997.

[81] J. Savimbi est intégré dans la vie politique mais il n'exerce aucun pouvoir politique décisionnel.

[82] Marchés Tropicaux, 10 janvier 1997.

[83] Soutien diplomatique et financier.

[84] Jeune Afrique, 9-15 avril 1997, n.1892.

[85] Voir page 33 et suivantes.

[86] 10 février 1997, AFP.

[87] Jeune Afrique, "La réconciliation remise à plus tard", Sennen Andriaminado, 29 janvier 1997.

[88] Angola Peace Monitor, 25 février 1997 ; 11 février, AFP.

[89] Députés arrivés en février : Junior Joao, Smart Gaston Chata, Mateus Sousa, Arlete Chimbinda, Adelino Antonio, Almerindo Jaka Jamba, Vitorino Nhame, Celestino Kapapelo, Antonio Pitra Sobrinho, Aniceto Amukaya, Alberto Vasco Miguel, Sebastio Veloso.

Députés exclus : Fatima Roque, économiste, Lucamba Gato, secrétaire général, Onorio Van-Dunem, Norberto de Castro.

[90] 7 février 1997, AFP.

[91] Gouvernement où l'Unita participera effectivement à la définition de la politique.

[92] 7 février 1997, AFP.

[93] 25 mars 1997, AFP.

[94] Premier ministre : Fernando França Van-Dunem, premier ministre sortant

Ministres : Commerce : Victorino Domingos Hossi, Géologie et Mines : Marcos Samondo, Santé : Anastacio Ruben Sikato, Tourisme et Hôtellerie : Jorge Alicerces Valentim.

Vices-ministres : Défense, Intérieur, Finances, Agriculture, Fonction publique, Réinsertion sociale, Communication sociale.

Ambassadeurs : Canada, Mexique, Inde, Cap Vert, Pologne, UNESCO.

Gouverneurs : Uige, Lunda Sul, Kuando Kubango.

Vice-gouverneurs : Luanda, Bengo, Kwanza Sul, Benguela, Huambo, Bie, Huila.

[95] 10 avril 1997, AFP.

[96] Résolution 1106 du Conseil de Sécurité du 16 avril 1997.

[97] La résolution 1118 du Conseil de Sécurité du 30 juin 1997 met en place la Mission d'Observation des Nations Unies en Angola - MONUA.

[98] DHA, Humanitarian Assistance in Angola, (1-30 mars 1997), 11 avril 1997.

[99] Ibid.

[100] Ibid.

[101] Le Monde, 16 juin 1997, "La chute du régime de M. Mobutu fragilise les rebelles de l'Unita en Angola", Frédéric Chambon.

[102] Soit 2,1 milliards de dollars depuis 1993. Cf. Angola Peace Monitor, juin 1996.

[103] Voir note 33.

[104] Voir note 2, p. 102.

[105] "Le processus électoral se conclura par le tenue du second tour des élections présidentielles."

[106] "Principes généraux : 3. Le second tour des élections présidentielles se tiendra lorsque les Nations Unies, dans le cadre de leur nouveau mandat et après avoir pris connaissance de l'organe devant succéder à la CCPM et des avis considérés comme nécessaires, déclareront que les conditions nécessaires, politiques et matérielles, seront remplies.

Principes spécifiques : 4. Les conditions nécessaires à la tenue du second tour des élections présidentielles seront, parmi d'autres, les suivantes :

(a) Garanties concernant la sécurité, la libre circulation des personnes et des biens, les libertés publiques sur l'ensemble du territoire national ;

(b) Garantie effective sur le fonctionnement de l'administration de l'Etat et la normalisation de la vie nationale sur l'ensemble du territoire, incluant la réhabilitation des voies de communication et la réinstallation des personnes déplacées".

[107] Voir note 30. Le rapport notifie la présence continuelle de check-points du gouvernement et de l'Unita.

[108] La radio VORGAN (Voix de la résistance du Coq noir) émet depuis l'ancien quartier-général de l'Unita à Jamba. D'après des accords de paix, la radio devra être transformée en radio privée, non partisane, et ne plus émettre de propagande hostile au gouvernement.

[109] Prentice Hull Adrian, "Rational Choice , Security, and Economic Cooperation in Southern Africa", Africa Today, vol. 43, n. 1, jan-mars 1996, 33-52;

[110] Ibid.

[111] Modèle emprunté par A. Prentice Hull à Bruce Bueno de Mesquita, The War Trap, New Haven, Yale University Press, 1981.

[112] Lusaka (Zambie).

[113] Afin de se détacher de l'influence économique de l'Afrique du Sud.

[114] Windhoek (Namibie).

[115] The Southern African Development Community, South African Communication Service (Department of Foreign Affairs), octobre 1995, p.9-10.

[116] Ibid.

[117] Ibid, p.15.

[118] Voir annexe pour l'organigramme de la SADC.

[119] Voir annexe pour la répartition des activités par pays.

[120] Voir note 4, p.16.

[121] 2 septembre 1995, Economist, "Southern Africa Dreams of Unity".

[122] Voir note 4, p.5-6.

[123] "Notre souci pour la souveraineté nationale et l'intérêt national ne nous dispense pas de planifier sérieusement le développement et la croissance régionale - en effet, ils imposent que nous allions dans la même direction, car nos destinées sont interdépendantes. Aucun de nous ne peut parvenir à une croissance convenable et au développement ou à la paix et la stabilité, isolément.

L'ensemble de la région doit oeuvrer à la stabilité politique basée sur la gestion démocratique et les droits de l'Homme."

[124] Soutien diplomatique dans le cadre du Conseil de Sécurité.

[125] SADC Workshop on Democracy, Peace and Security, juillet 1994, Windhoek.

[126] Cilliers Jakkie, "The Evolving Security Architecture in Southern Africa", Africa Insight, vol.26, n.1, 1996, 13-25, p.20.

[127] Venter Denis, "Regional security in Sub-Saharan Africa", Africa Insight, vol. 26, n.2, 1996, 162-176, p.164.

[128] "En quête d'une sécurité commune", Fernando Gonçales, Le Courrier, n.153, 63-65.

[129] Ibid.

[130] Ibid.

[131] Voir note 16, p.169.

[132] Ibid, p.167.

[133] Ibid, p.166.

[134] Ibid, p.165.

[135] "Une sécurité commune mais une communauté d'insécurité"

[136] Au Libéria, la force d'interposition, devenue force d'intervention, est sous commandement nigérian.

[137] SADC Secretariat, Towards the SADC : A Declaration by the Heads of State and Government of Southern African States, Windhoek, 1992, p. 5.

[138] Voir note 17.

[139] Voir note 16, p. 166.

[140] Marchés Tropicaux, 5 août 1994.

[141] Voir note 15, p. 20.

[142] Ibid.

[143] Ibid.

[144] Ibid, p.21.

[145] Ibid.

[146] South African Foreign Policy - Discussion Document, Department of Foreign Affairs, 18 juin 1996, 38, p.7.

[147] Ibid, p.9.

[148] "L'Afrique australe espère une contribution positive de l'Afrique du Sud à leur développement. Ils espèrent que nous agissons avec eux comme partenaire et allié et non comme une super puissance régionale, dans les relations politiques, de sécurité et économiques où les bénéfices seront mutuels."

[149] South Africa Yearbook 1996, "Foreign Relations", p.179-197

[150] "L'Afrique du Sud assumera le leadership en Afrique dans tous les domaines où sa contribution sera possible, sans créer d'antagonismes politiques avec ses partenaires africains."

[151] Landsberg Chris, Masiza Zondi, "Strategic Ambiguity or Ambigious Strategy ? Foreign policy since the 1994 election", Policy Review Series, Centre for Policy Studies, Johannesburg, vol. 8, n.11, octobre 1995, p. 25-26.

[152] Ibid

[153] Voir note 4.

[154] Ibid.

[155] Marchés Tropicaux, 20 octobre 1995. Lettre du 16 mars 1993 adressée au Secrétaire Général des Nations Unies par le ministre des Affaires Etrangères de l'Afrique du Sud, Conseil de Sécurité, 30 mars 1993, New York, Nations Unies.

[157] Marchés Tropicaux, 20 octobre 1996.

[158] Apporter une solution à la crise économique qui a touché l'Angola à cette époque, Fernando França von Dunem remplaçant Marcolino Moco à la tête du gouvernement.

[159] Afrique du Sud, le 8 janvier 1997.

[160] Marchés Tropicaux, 10 janvier 1997.

[161] Vines Alex, "Angola between War and Peace - Arms Trade and Human Rights Abuses since the Lusaka Protocol", Human Rights Watch Arms Project, Human Right Watch/Africa, New York, février 1996, vol.8, n.1 (A), 44, p. 17-21.

Le Protocole de Lusaka demande le rapatriement de tous les mercenaires se trouvant en Angola.

[162] 7 octobre 1997, AFP.

[163] 2 octobre 1997, Reuter.

[164] "Les membres de la SADC voudraient que le processus de paix en Angola s'accélère et notre intention est de demander au président Dos Santos et aux autres parties si le processus de paix progresse ou non, et pourquoi.

Nous tenterons de voir comme trouver un moyen pour accélérer le processus pour parvenir à la paix et à la stabilité en Angola.

[165] 9 octobre 1997, AFP.

[166] The Blue Helmets, A Review of UN Peace-Keeping, New York, Nations Unies, Département de l'information, 3ème ed., 1996, 808, p. 716-717.

[167] Voir tableau en annexe.

[168] Smouts Marie-Claude, Les organisations internationales, Paris, Armand Colin, coll. Cursus, 1995, 191, p.30.

[169] Ibid.

[170] Frédéric Chambon, Le Monde, 16 octobre 1996.

[171] Depuis mai 1997, les combats ont repris dans la province de Lunda Norte (zone diamantifère) entre l'armée gouvernementale et l'Unita.

[172] Le premier juillet 1997, la Mission d'Observation des Nations Unies en Angola (MONUA) a succédé à l'Unavem III (résolution 1118 du Conseil de Sécurité). Son mandat initial est de 4 mois. La mission est conduite par A. Blondin Beye qui supervise aussi le retrait progressif des troupes de l'Unavem III prévu jusqu'à la fin du mois d'octobre.

[173] Chiffre de 1995.

[174] Chiffre du dernier recensement de 1970

[175] Le total des différents corps d'armée n'est pas significatif.